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lui fait dire que pour ne point l’incommoder, il le prie de ne point descendre de sa chaise ; ensuite, ou le jour même, ou l’un des trois jours suivants, il va rendre la visite, et présenter un tie tsëe semblable à celui qu’il a reçu.

S’il reçoit la visite, et que ce soit d’une personne considérable, on fait passer la chaise au travers des deux premières cours du tribunal, qui sont fort vastes, jusqu’à l’entrée d’une salle où le maître de la maison vient recevoir celui qui arrive.

Dès que vous entrez dans la deuxième cour, vous apercevez sur le devant de la salle deux domestiques, qui tiennent quelquefois le parasol et le grand éventail du mandarin, inclinés l’un vers l’autre,[1] de sorte que vous ne pouvez ni apercevoir le mandarin qui s’avance pour vous recevoir, ni en être aperçu.

Lorsque vous êtes descendu de chaise, votre domestique retire le grand éventail, qui vous cachait pareillement, et alors vous vous trouvez à une juste distance du mandarin pour lui faire la révérence.

C’est en ce moment là que commencent les cérémonies qui sont marquées toutes en détail dans le cérémonial chinois ; on y trouve le nombre d’inclinations qu’il faut faire, les termes dont il faut se servir, et les titres honorables qu’on doit se donner, les génuflexions réciproques, les détours qu’on doit prendre pour être tantôt à droite, tantôt à gauche ; car cette place d’honneur varie selon les provinces : les civilités muettes par lesquelles le maître de la maison vous invite de la main à entrer, en ne disant que ce seul mot tsin tsin ; le refus honnête que vous faites de passer le premier, en répondant pou can, je n’ose ; le salut que le maître de la maison doit faire à la chaise qu’il vous destine, car il doit se courber devant elle avec respect, et l’épousseter légèrement avec un pan de sa veste, pour en ôter la poussière.

Est-on assis ? il vous faut exposer d’un air grave et sérieux le motif de votre visite et l’on vous répond avec la même gravité par diverses inclinations ; du reste vous devez vous tenir droit sur votre chaise, sans vous appuyer contre le dossier, avoir les yeux un peu baissés, sans regarder de côté et d’autre, les mains étendues sur les genoux, et les pieds également avancés.

Après un moment de conversation de part et d’autre, un domestique revêtu d’un habit propre, apporte sur un bandège autant de tasses de thé qu’il y a de personnes : autre attention à observer pour la manière de prendre la tasse, de la porter à la bouche, et de la rendre au domestique.

Enfin la visite étant finie, vous vous retirez avec d’autres cérémonies : le maître du logis vous conduit jusqu’à votre chaise : quand vous y êtes entré, il s’avance un peu, attendant que les porteurs aient élevé la chaise, et alors prêt de partir, vous lui dites encore adieu, et il répond de même manière à votre honnêteté.

  1. Cette sorte de visite en cérémonie regarde les personnes d’égale distinction, comme de mandarin à un autre mandarin, à peu près de même ordre.