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« Moi, empereur, je viens aujourd’hui offrir ces louanges et ces présents, comme des marques de mon respect, pour tous les anciens docteurs de notre nation, et nommément pour le prince Tcheou kong, et pour Confucius. Moi donc qui ne surpasse point en esprit le dernier de leurs disciples, je suis obligé de m’attacher aux ouvrages, c’est-à-dire, aux livres que ces grands hommes et ces sages maîtres de l’antiquité nous ont laissés, et au recueil de leurs maximes, sur lesquelles la postérité doit régler ses mœurs. C’est pourquoi ayant résolu de me mettre dès demain à les étudier, j’appliquerai sérieusement toute l’étendue et la portée de mon esprit à les lire et à les relire sans cesse, comme le moindre des disciples de ces incomparables docteurs, pour m’en instruire à fond, et pour achever heureusement le cours de mes études. »


Jours particuliers consacrés aux visites.

Un des devoirs de la politesse chinoise, est de se visiter les uns les autres : il y a des jours durant le cours de l’année, et il arrive des événements, où ces visites sont indispensables, surtout pour les disciples à l’égard de leurs maîtres, et les mandarins par rapport à ceux de qui ils dépendent.

Ces jours sont celui de la naissance, le commencement d’une nouvelle année, certaines fêtes qui se célèbrent, lorsqu’il naît un fils, quand il se fait un mariage, qu’on est élevé à quelque charge, que quelqu’un de la famille vient à mourir, qu’on entreprend un long voyage, etc.

Dans toutes ces occasions on ne peut se dispenser, sans une grande raison, de faire des visites, et elles doivent ordinairement être accompagnées de quelques présents, lesquels consistent assez souvent en des choses qui ne sont pas de grande valeur, qui peuvent être utiles à celui auquel on les offre, et qui dans la vie civile ne contribuent pas peu à entretenir les liaisons d’amitié, ou de dépendance.

Pour ce qui est des visites ordinaires, il n’y a point de temps fixé, et quoiqu’elles se fassent sans façon entre amis intimes et familiers, la coutume et les lois prescrivent pour les autres beaucoup de cérémonies, qui sont d’abord très gênantes à tout autre qu’à des Chinois.

Lorsqu’on fait une visite, il faut commencer d’abord par faire présenter au portier de la personne qu’on vient voir, un billet de visite, qui s’appelle tie tsëe ; c’est un cahier de papier rouge, semé légèrement de fleurs d’or, et plié en forme de paravent.

Sur un des plis on écrit son nom, et l’on se sert de termes respectueux et proportionnés au rang de la personne que l’on vient visiter. On dira, par exemple, l’ami tendre et sincère de votre seigneurie, et le disciple perpétuel de sa doctrine, se présente en cette qualité pour vous rendre ses devoirs, et vous faire la révérence jusqu’à terre, ce qu’ils expriment par ces mots ; Tun cheou pai. Quand c’est un ami familier qu’on visite, ou une personne du commun, il suffit d’y donner un billet d’un simple feuillet. Que si l’on est en deuil, il doit être de papier blanc.

Le mandarin qu’on va voir, se contente quelquefois de recevoir le tie tsëe que le portier lui met entre les mains, et alors, suivant le style chinois, c’est la même chose que s’il recevait personnellement la visite. Il