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et qui reçoit sur son tribunal ces nouvelles marques d’honneur. Il se lève ensuite, il leur offre du vin dans des coupes qu’il élève auparavant en l’air. Dans plusieurs endroits on leur distribue des pièces de soie rouge dont chacun se fait une espèce de baudrier : ils reçoivent aussi deux baguettes entourées de fleurs d’argent, qu’ils attachent à droite et à gauche sur leurs bonnets en forme de caducée. Puis le gouverneur à leur tête, ils marchent jusqu’au palais de Confucius, pour achever la cérémonie par ce salut ordinaire dont nous venons de parler. C’est là comme le sceau qui les établit, et qui les met en possession de leur nouvelle dignité, parce qu’alors ils reconnaissent Confucius pour leur maître et que par cette action ils témoignent qu’ils veulent suivre ses maximes dans le gouvernement de l’État.

Outre cela les empereurs ont voulu que les docteurs et les gens de lettres fissent comme au nom de l’empire, un festin à ce grand homme. La veille destinée à cette fête, on a soin de tout préparer : un maître boucher vient tuer le cochon, des valets du tribunal apportent du vin, des fruits, des fleurs et des légumes qu’on range sur une table, parmi des bougies et des cassolettes.

Le lendemain les gouverneurs, les docteurs et les bacheliers se rendent au son des tambours, et des hautbois dans la salle du festin. Le maître des cérémonies qui doit régler toute l’action ordonne tantôt de s’incliner, tantôt de se mettre à genoux, tantôt de se courber jusqu’à terre, tantôt de se relever.

Quand le temps de la cérémonie est venu, le premier mandarin prend successivement les viandes, le vin, les légumes, et les présente devant la tablette de Confucius, au son des instruments de musique, qui chantent quelques vers en l’honneur de ce grand philosophe. On fait ensuite son éloge, qui n’est guère que de huit ou dix lignes, et qui est le même dans toutes les villes de l’empire ; on loue sa science, sa sagesse, ses bonnes mœurs. Ces honneurs qu’on rend en la personne de Confucius à tous les savants, piquent extrêmement les docteurs d’émulation.

L’action finit par des inclinations, et des révérences réitérées, par le son des flûtes et des hautbois, et par les civilités réciproques que les mandarins se rendent les uns aux autres. Enfin on enterre le sang et le poil de l’animal qui ont été offerts, et on brûle en signe de joie une grande pièce de soie, qui est attachée au bout d’une pique, et qui flotte jusqu’à terre à la manière des drapeaux.

On va ensuite dans une seconde salle rendre quelques honneurs aux anciens gouverneurs des villes, et des provinces, qui se sont autrefois rendus célèbres dans l’administration de leurs charges. Enfin l’on se rend dans une troisième salle, où sont les noms des citoyens, qui sont devenus illustres par leur vertu, et par leurs talents, et l’on y fait encore quelques cérémonies.

On raconte d’un empereur chinois, nommé Kia tsing, qu’avant que de commencer ses études, il alla au palais de Confucius pour lui offrir ses présents. Ce prince étant devant le tableau du fameux docteur, lui parla de la sorte.