Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/155

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lorsqu’il alla faire ses compliments à un gouverneur le jour de sa naissance.


Des visites.

Toutes les fois qu’on va visiter un gouverneur, ou quelque autre personne de considération, il faut y aller avant le dîner ; ou s’il arrive qu’on déjeune, il faut du moins s’abstenir de vin : ce serait manquer au respect dû à un homme de qualité, que de paraître devant lui, avec un visage qui fasse juger qu’on ait bu, et le mandarin se tiendrait offensé, si celui qui lui rend visite, sentait tant soit peu le vin. Quand cependant c’est une visite qu’on rend le même jour qu’on l’a reçue, on peut la faire après dîner, car alors c’est une marque de l’empressement que vous avez d’honorer la personne qui vous a visité.

C’est aussi un devoir indispensable pour les lettrés, qui seuls doivent avoir part au gouvernement, de rendre des honneurs extraordinaires à leurs anciens législateurs, et aux plus célèbres philosophes de l’empire, surtout à Confucius, qui pendant sa vie a beaucoup contribué à la forme parfaite du gouvernement, et qui en a laissé après lui ses principales maximes. Tout ce qu’ils doivent faire dans une pareille occasion est réglé par le cérémonial de l’empire.


Des assemblées de savants.

En chaque ville on a élevé un palais qui sert aux assemblées des savants : les lettrés lui ont donné divers noms : ils l’appellent d’ordinaire pouan cong, salle royale : ou bien ta ching tien, salle de sagesse ou de perfection ; ta hyo, le grand collège ; quoe hyo, le collège de l’empire. On y voit diverses petites planches dorées et vernies suspendues à la muraille, où l’on a écrit les noms de ceux qui se sont distingués dans les sciences : Confucius tient le premier rang, et tous les lettrés sont obligés d’honorer ce prince de leurs philosophes. Voici les cérémonies qu’ils pratiquent.

Ceux qui après de rigoureux examens ont été jugés capables d’être mis au nombre des sieou tsai, ou bacheliers, se rendent dans la maison du ti hio tao, ou mandarin, avec des vestes de toile noire, et un bonnet ordinaire.

Dès qu’ils sont en sa présence, ils s’inclinent, ils se mettent à genoux, et se prosternent ensuite plusieurs fois : après quoi ils se relèvent, et se rangent à droite et à gauche sur deux lignes, jusqu’à ce que le mandarin ait donné ordre de leur présenter des habits propres des bacheliers. On leur apporte des vestes, des surtouts et des bonnets de soie : chacun prend son habit, et retourne se mettre en ordre, pour se prosterner de nouveau devant le tribunal du mandarin.

De là ils marchent avec gravité jusqu’au palais de Confucius, ils s’inclinent profondément, et courbent la tête quatre fois jusqu’à terre devant son nom, et devant ceux des plus célèbres philosophes, comme ils avaient fait auparavant dans la maison du mandarin. Cette première fonction des bacheliers se fait dans une ville du premier ordre, et personne ne peut en être dispensé, à moins qu’il n’ait des raisons ou de deuil, ou de maladie bien avérées.

Quand les sieou tsai sont de retour en leur patrie, ceux du même territoire vont ensemble se prosterner devant le gouverneur qui les attend,