la voûte est souvent ornée de mosaïque, et les murailles sont revêtues de figures de pierre en relief, qui représentent des animaux et des monstres.
Telle est la forme de la plupart des pagodes, qui sont plus ou moins grands, selon la dévotion et les moyens de ceux qui ont contribué à les construire. C’est la demeure des bonzes ou des prêtres des idoles, qui mettent en œuvre mille supercheries, pour surprendre la crédulité des peuples, qu’on voit venir de fort loin en pèlerinage à ces temples consacrés au démon. Mais comme les Chinois, dans le culte qu’ils rendent à leurs idoles, n’ont pas une conduite bien suivie, il arrive souvent qu’ils respectent peu et la divinité et ses ministres.
Généralement parlant, les bonzes sont dans un grand mépris, et il n’y a point d’honnête Chinois qui voulut embrasser leur état ; de sorte qu’étant presque tous tirés de la lie du peuple, ils sont souvent obligés pour se multiplier, d’acheter de jeunes enfants qu’ils forment à leur manière de vie, afin de les faire succéder à leur diabolique ministère.
Fêtes des Chinois.
Mais en parlant de la magnificence des Chinois, je manquerais à un point essentiel, si je ne disais rien de leurs fêtes. Il y en a deux principales qu’ils célèbrent avec beaucoup de dépenses. L’une est le commencement de leur année ; l’autre qui arrive le 15 du premier mois, est celle qu’ils nomment la fête des lanternes. J’entends par le commencement de l’année la fin de la douzième lune, et environ vingt jours de la première lune de l’année suivante. C’est proprement le temps de leurs vacations.
Alors toutes les affaires cessent, on se fait des présents ; les postes sont arrêtées, et les tribunaux sont fermés dans tout l’empire : c’est ce qu’ils appellent fermer les sceaux, parce qu’en effet on ferme en ce temps-là avec beaucoup de cérémonie le petit coffre où l’on garde les sceaux de chaque tribunal.
Ces vacations durent un mois, et c’est un temps de grande réjouissance. Ce sont surtout les derniers jours de l’année qui expire, qu’on célèbre avec beaucoup de solennité. Les mandarins inférieurs vont saluer leurs supérieurs, les enfants leurs pères, les domestiques leurs maîtres, etc. c’est ce qu’ils appellent congédier l’année. Le soir toute la famille s’assemble et on fait un grand repas.
Dans quelques endroits il s’est glissé une superstition assez bizarre, c’est de ne souffrir chez eux aucun étranger, pas même un seul de leurs plus proches parents, de crainte qu’au moment que commence la nouvelle année, il n’enlève le bonheur qui doit descendre sur la maison, et ne le détourne chez lui, au préjudice de son hôte.
Ce jour-là chacun se renferme dans son domestique, et se réjouit uniquement avec sa famille. Mais le lendemain et les jours suivants, ce sont des démonstrations de joie extraordinaires. Toutes les boutiques de la ville sont fermées, et on n’est partout occupé que de jeux, de festins, de comédies ; il n’y a personne, quelque pauvre qu’il soit, qui ne prenne ces jours-là l’habit le plus propre qu’il ait ; ceux qui sont à leur aise, s’habillent magnifiquement ; on va visiter ses amis, ses parents, ses frères aînés, ses protecteurs,