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dans la persuasion ridicule, qu’ils étaient les maîtres du monde, qu’ils en occupaient la plus considérable partie, et que tout ce qui n’était pas la Chine, n’était habité que par des nations barbares. Cet éloignement de tout commerce avec les étrangers, joint au génie ferme et solide de ces peuples, n’a pas peu contribué à conserver parmi eux cette constante uniformité de leurs usages.


Deux opinions sur l’origine de la Chine

Il y a parmi les savants de la Chine deux opinions sur l’origine et le commencement de leur empire ; car ils ne s’arrêtent pas aux rêveries d’un peuple ignorant et crédule, qui sur la foi de quelques livres apocryphes et fabuleux, cherchent la source de leur monarchie dans des siècles imaginaires, qui précèdent la création du monde. Les historiens les plus célèbres distinguent dans la chronologie chinoise, ce qui est manifestement fabuleux, ce qui est douteux et incertain, et ce qui est sûr et indubitable. Ainsi ne voulant s’attacher qu’à ce qui leur paraît avoir quelque fondement de vérité, ils marquent d’abord comme une chose sûre, qu’on ne doit faire nulle attention aux temps qui ont précédé Fo hi, lesquels sont incertains, c’est-à-dire, qu’on ne peut les ranger suivant une exacte et vraie chronologie, et que ce qui précède Fo hi, doit passer pour mythologique.


Fo Hi fondateur de la monarchie Chinoise.

Ces auteurs regardent donc Fo hi comme le fondateur de leur monarchie, lequel environ 200 ans après le déluge, suivant la version des Septante, régna d’abord vers les confins de la province de Chen si, ensuite dans la province de Ho nan, qui est située presque au milieu de l’empire, après quoi il défricha toutes les terres qui s’étendent jusqu’à la mer orientale.

C’est là le sentiment de presque tous les lettrés, et cette chronologie fondée sur une tradition constante, et établie dans leurs plus anciennes histoires, qui n’ont pu être altérées par les étrangers, est regardée de la plupart des savants comme incontestable.

D’autres auteurs chinois ne font remonter leur monarchie qu’au règne d’Yao, qui selon l’opinion des premiers, n’est que leur cinquième empereur ; mais si quelqu’un s’avisait de la borner à des temps postérieurs, non seulement il se rendrait ridicule, mais il s’exposerait encore à être châtié sévèrement, et même à être puni de mort. Il suffirait aux missionnaires de donner un simple soupçon en cette matière dont ensuite on eût connaissance, pour les faire chasser de l’empire.

Ce qu’il y a de certain, c’est que la Chine a été peuplée plus de 2155 ans avant la naissance de Jésus-Christ, et c’est ce qui se démontre par une éclipse de soleil arrivée cette année-là, comme on le peut voir par les observations astronomiques tirées de l’histoire et d’autres livres chinois, lesquelles ont été données au public en l’année 1729.

On a vu finir les plus anciens empires ; il y a longtemps que ceux des Assyriens, des Mèdes, des Persans, des Grecs, et des Romains ne subsistent plus ; au lieu que la Chine semblable à ces grands fleuves, dont on a de la peine à découvrir la source, et qui roulent constamment leurs eaux