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de charbon de terre, et de roseaux brûlés, qui est insupportable à ceux qui n’y sont pas accoutumés.

Les maisons des grands seigneurs et des personnes riches, comparées aux nôtres, ne méritent pas beaucoup d’attention : ce serait abuser des termes que de leur donner le nom de palais : elles n’ont que le rez-de-chaussée, mais elles sont plus élevées que les maisons ordinaires ; la couverture est propre, et le haut du toit a divers ornements ; le grand nombre des cours et des appartements propres à loger leurs domestiques, supplée à leur beauté, et à leur magnificence.


Les dépenses superflues sont défendues à la Chine.

Ce n’est pas que les Chinois n’aiment le faste et la dépense : mais la coutume du pays, et le danger qu’il y a de faire des dépenses superflues et contraires à l’usage, les arrêtent malgré eux. Les tribunaux où se rend la justice, ne sont guère plus superbes ; les cours en sont grandes, les portes élevées, on y voit même quelquefois des ornements de sculpture d’assez bon goût ; mais les salles intérieures, et les chambres d’audience, n’ont ni magnificence, ni grande propreté.

Il faut avouer néanmoins que les hôtels des principaux mandarins, des princes, et des personnes riches et puissantes, surprennent par leur vaste étendue. Ils ont quatre ou cinq avant-cours, avec autant de corps de logis dans chacune des cours. A chaque frontispice il y a trois portes : celle du milieu est plus grande, et les deux côtés sont ornés de lions de marbre. Proche de la grande porte est une place environnée de barrières couvertes d’un beau vernis rouge ou noir. Aux côtés sont deux petites tours où il y a des tambours, et d’autres instruments de musique, dont on joue à différentes heures du jour, et surtout lorsque le mandarin sort, ou qu’il entre, ou qu’il monte à son tribunal.

Au-dedans on voit d’abord une grande place, où s’arrêtent ceux qui ont des procès, ou des requêtes à présenter ; des deux côtés sont de petites maisons qui servent d’étude aux officiers du tribunal. Puis on voit trois autres portes, qui ne s’ouvrent que quand le mandarin monte au tribunal ; celle du milieu est fort grande, et il n’y a que les personnes de distinction, qui y passent ; les autres entrent par celles qui sont à côté ; après quoi on aperçoit une autre grande cour, au bout de laquelle est une grande salle où le mandarin rend la justice : suivent l’une après l’autre deux salles destinées à recevoir les visites ; elles sont propres, garnies de sièges, et de divers meubles. Tels sont dans la plupart des endroits les tribunaux des grands mandarins.

Les officiers dont je viens de parler sont des écrivains, des espèces de notaires, etc. Il y en a de dix sortes, qui sont chargés, chacun dans leur étude, des six différentes affaires, qui ont rapport aux six Cours souveraines de Peking ; de sorte qu’un mandarin particulier fait en petit dans son tribunal, ce qu’il fera un jour dans une des Cours souveraines, à l’égard de tout l’empire. Ils sont entretenus des deniers publics et ils sont stables ; c’est pourquoi les affaires vont toujours leur chemin, quoique les mandarins changent souvent, ou parce qu’on les casse, ou parce qu’ils sont envoyés en d’autres provinces.