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En hiver, ils portent un bonnet fort chaud bordé de zibeline, ou d’hermine, ou de peau de renard, dont le dessus est couvert d’un flocon de soie rouge. Ce bord de fourrures est large de deux à trois pouces, et a fort bel air, surtout quand il est fait de ces belles zibelines noires et luisantes, qui se vendent jusqu’à 40 et 50 taels.


De l'usage des bottes.

Les Chinois, surtout ceux qui sont qualifiés, n’oseraient paraître en public, sans être bottés : ces bottes sont ordinairement de satin, de soie, ou de toile de coton, teinte en couleur, et assez justes au pied ; elles n’ont ni talon, ni genouillère : s’ils font un long voyage à cheval, ces bottes sont de cuir de vache, ou de cheval, si bien apprêté que rien n’est plus souple ; leurs bas à bottes sont d’une étoffe piquée et doublée de coton, ils montent plus haut que la botte et à cet endroit là ils ont un gros bord de velours ou de panne.

Si cette chaussure est commode en hiver pour défendre les jambes du froid, elle n’est guère tolérable dans le temps des grandes chaleurs ; c’est pourquoi ils en ont d’autres qui sont plus fraîches ; elle n’est pas fort en usage parmi le peuple, qui souvent pour épargner, se contente d’une espèce de patins de toile noire : les gens de qualité en portent dans leurs maisons, qui sont faits d’une étoffe de soie, et qui sont très propres et très commodes.


De l'ajustement dans les visites.

Enfin voici comme l’on doit être ajusté toutes les fois qu’on sort de la maison ou que l’on rend une visite de conséquence : sans parler des habits intérieurs qui sont, ou de toile ou de satin, on porte par dessus une longue robe d’une étoffe de soie, assez souvent bleue, avec une ceinture ; sur le tout un petit habit noir ou violet, qui descend aux genoux, fort ample, et à manches larges et courtes ; un petit bonnet fait en forme de cône raccourci, chargé tout autour de soies flottantes, ou de crin rouge ; des bottes d’étoffe aux pieds, et un éventail à la main.


Leurs maisons.

Les Chinois aiment la propreté dans leurs maisons ; mais il ne faut pas espérer d’y rien trouver de bien magnifique : leur architecture n’est pas fort élégante, et ils n’ont guère de bâtiments réguliers que les palais des empereurs, quelques édifices publics, les tours, les arcs de triomphe, les portes, et les murailles des grandes villes, les digues, les levées, les ponts, et les pagodes. Les maisons des particuliers sont très simples, et l’on n’y a égard qu’à la commodité. Les personnes riches y ajoutent des ornements de vernis, de sculpture, et de dorure, qui rendent leurs maisons riantes, et agréables.

Ils commencent d’ordinaire à élever les colonnes et à y placer le toit, parce que le gros de leurs édifices ne devant être que de bois, ils n’ont pas besoin de creuser des fondements bien avant en terre : ils ne vont guère que jusqu’à deux pieds : ils font leurs murailles de briques ou de terre battue, et en certains endroits elles sont toutes de bois. Ces maisons n’ont pour l’ordinaire que le rez-de-chaussée ; celles des marchands le plus souvent ont un étage, qu’on appelle leou : c’est dans cet étage qu’ils mettent leurs marchandises.

Dans les villes, presque toutes les maisons sont couvertes de tuiles : ces