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point de porter des armes, même dans les voyages ; l’usage en est abandonné aux seuls gens de guerre.

Ils n’ont d’estime et d’ardeur que pour les sciences, qui sont le seul principe de la noblesse : parce que, comme je l’ai dit, on n’a d’honneurs et de prérogatives, que selon le rang qu’elles donnent dans l’empire.





De l’air et de la physionomie des Chinois, de leurs modes, de leurs maisons, et des meubles dont elles sont ornées.


On ne doit pas juger de l’air et de la physionomie des Chinois, par les portraits qu’on voit sur leurs cabinets de vernis, et sur leurs porcelaines ; s’ils réussissent à peindre des fleurs, des arbres, des animaux, et des paysages, ils sont très ignorants, lorsqu’il s’agit de se peindre eux-mêmes : ils s’estropient, et se défigurent de telle sorte, qu’ils sont méconnaissables, et qu’on les prendrait pour de vrais grotesques.

Il est vrai néanmoins que comme la beauté dépend du goût, et qu’elle consiste plus dans l’imagination que dans la réalité, ils en ont une idée un peu différente de celle qu’on se forme en Europe : car généralement parlant, ce qui nous paraît beau, est de leur goût, et ce qui est de leur goût en fait de véritable beauté, nous paraîtrait également beau. Ce qui leur agrée principalement, et en quoi ils font consister la beauté, c’est à avoir le front large, le nez court, la barbe claire, les yeux petits à fleur de tête et bien fendus, la face large et carrée, les oreilles larges et grandes, la bouche médiocre, et les cheveux noirs : ils ne sauraient souffrir ceux qui les ont blonds ou roux ; il faut cependant que toutes ces parties entre elles aient une certaine proportion, qui rendent le tout agréable.

Pour ce qui est de la taille, l’avoir fine et dégagée, ce n’est pas chez eux un agrément, parce que leurs vêtements sont larges, et ne sont point ajustés à la taille comme en Europe : ils trouvent un homme bien fait, quand il est grand, gros et gras, et qu’il remplit bien son fauteuil.

La couleur de leur visage n’est pas telle que nous le disent ceux qui n’ont vu de Chinois, que sur les côtes des provinces méridionales. À la vérité, les grandes chaleurs qui règnent dans ces provinces, surtout dans celles de Quang tong, de Fo kien, d’Iun nan, donnent aux artisans et aux gens de la campagne, un teint basané et olivâtre ; mais dans les autres provinces, ils sont naturellement aussi blancs qu’en Europe, et généralement parlant, leur physionomie n’a rien de rebutant.

Les lettrés et les docteurs dans certaines provinces, les jeunes gens pour l’ordinaire jusque vers l’âge de 30 ans, ont la peau du visage très fine, et le coloris fort beau. Les lettrés et les docteurs, surtout s’ils