qu’il prétendait avoir été mal acquises sous le règne de son père, et il l’exila en Tartarie, où il mourut assez peu de temps après y être arrivé. Les gazettes publièrent qu’il était mort de la dysenterie.
Il rappela ensuite à Peking son quatorzième frère qui était à la tête de l’armée chinoise ; son huitième et dixième frère tombèrent pareillement dans sa disgrâce. Il n’y a que le treizième auquel il donna toute sa confiance, et qu’il fit entrer dans toutes les affaires du gouvernement. Il fit en même temps emprisonner ou exiler des princes et des seigneurs, dont plusieurs protégeaient les missionnaires, et qui par cette raison étaient favorables au christianisme.
Soit que ce prince n’ait pas pour les sciences le même goût qu’avait son père, soit qu’il cherche à se passer des missionnaires, il ne leur a donné que peu de marques de sa bienveillance, et il se contente de ne les pas inquiéter. Un seul frère jésuite italien, et excellent peintre, est employé au palais. S’il a donné un nouveau titre d’honneur au P. Kegler, déjà président du tribunal des mathématiques, il n’a eu d’autre vue que de le faire paraître avec décence devant sa personne, surtout à certains jours de cérémonie, où il se trouvait auparavant sans aucune marque de distinction, et l’on ne peut pas en conclure qu’il soit dans des dispositions plus favorables à la religion.
Du reste il est très appliqué aux affaires de l’État, dont il s’occupe tout entier ; il est ferme et décisif, toujours prêt à recevoir des mémoriaux, et à y répondre, et gouverne entièrement par lui-même : de sorte qu’il n’est pas possible de voir un maître plus absolu et plus redouté.
Dès la première année de son règne il fut prévenu contre les Européens par diverses requêtes que lui présentèrent les lettrés. Ils remontraient dans leurs requêtes que ces étrangers avaient trompé le feu empereur, et que ce prince avait beaucoup perdu de sa réputation, en leur permettant par trop de condescendance, de s’établir dans les provinces, qu’ils y ont élevé partout des églises, et que leur loi s’y répand avec rapidité, que les Chinois chrétiens ne reconnaissent que ces docteurs, et que dans un temps de trouble ils n’écouteraient point d’autres voix que la leur, etc.
Ces fâcheuses impressions furent fortifiées par un placet public que le tsong tou de Fo kien adressa à l’empereur, où après lui avoir rendu compte des raisons importantes qu’il avait eu de proscrire la religion chrétienne dans toute l’étendue de son gouvernement, il le suppliait pour le repos de l’empire et le bien des peuples, d’ordonner que ces étrangers soient renvoyés des provinces, et conduits ou à la cour, ou à Macao, et que leurs temples soient employés à d’autres usages.