Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/605

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

défenses de l’empereur, il continuait de faire par mer avec les Espagnols et les Hollandais.

L’année cinquante-septième du cycle il reçut ordre de faire marcher son armée contre des rebelles de la province de Quang si, et cette armée ayant été partagée en différents corps, selon le besoin, on l’engagea insensiblement, et par adresse, à retourner dans son palais de la province de Quang tong. Peu de temps après deux Grands de la cour arrivèrent, et le neuvième d’octobre de grand matin ils présentèrent à ce prince un lacet de soie, avec l’ordre que l’empereur lui donnait de s’étrangler lui-même. Cent douze de ses complices, parmi lesquels il y avait trois de ses frères, furent décapités. Ses grandes richesses passèrent à ses autres frères, dont l’un était gendre de l’empereur.

Sur la fin de cette même année les révérends pères augustins étant venus des Philippines à Macao, entrèrent heureusement dans la Chine.

L’année suivante le roi de Fo kien, qui dans le temps de sa révolte avait traité indignement des mandarins fidèles à l’empereur, fut puni du dernier supplice, et son corps jeté aux chiens ; ses frères, quoiqu’innocents, eurent la tête tranchée.

Cependant les Tartares s’emparèrent de la capitale de la province d’Yun nan ; Hong hoa qui avait été déclaré empereur, prévint le supplice qui lui était destiné, en se donnant lui-même la mort. On déterra les ossements de son père Ou fan guey et on les transporta à Peking où ils furent partie exposés de côté et d’autre sur des pieux avec des notes infamantes, partie réduits en cendres, et jetés au vent.

Cette même année la 58e du cycle, et la 1681e de l’ère chrétienne, était la centième qui s’écoulait depuis que les missionnaires de la compagnie de Jésus ont porté le flambeau de la foi dans l’empire de la Chine.

La cinquante-neuvième année l’empereur ayant heureusement subjugué les quinze provinces de la Chine, et affermi la paix dans tout son empire, prit la résolution d’aller visiter sa patrie et la sépulture de ses ancêtres. Il partit pour la Tartarie orientale le 23 mars accompagné du prince héritier, des trois reines, des grands seigneurs, des principaux mandarins, et d’une armée d’environ soixante-dix mille hommes. Il voulut que le père Verbiest fût du voyage, et se trouvât toujours auprès de sa personne.

L’année soixantième et dernière de ce cycle, il fit un second voyage dans la Tartarie occidentale avec encore plus d’appareil, et avec une armée beaucoup plus nombreuse. Il continua dans la suite ces sortes de voyages en Tartarie, où chaque année il passait plusieurs mois dans les exercices de la chasse.

Sa vue était de tenir ses troupes en haleine, de les endurcir à la fatigue, d’empêcher qu’elles ne s’amollissent par les délices de la