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long, qui joua un grand rôle. Il avait été d’abord domestique des Portugais à Macao, parmi lesquels il fut instruit des vérités de la foi, et reçut à son baptême le nom de Nicolas ; ensuite de petit marchand, il devint le plus riche négociant de la Chine par le commerce qu’il fit avec les Espagnols et les Hollandais ; et enfin il devint le chef d’une très nombreuse flotte. Il reconnut d’abord Long vou pour empereur, et après sa mort il fit semblant de reconnaître le prince tartare.

Chun tchi lui offrit la dignité de roi, et l’invita à un festin solennel. Tchin tchi long reçut l’invitation, dans l’espérance d’obtenir à la cour de plus grandes dignités, et il y fut conduit avec honneur. Son fils nommé Tching tching cong prit le commandement de la flotte, et dans la suite ni les prières de son père, ni les promesses du nouvel empereur ne purent jamais ébranler son zèle pour la patrie, ni sa fidélité à l’égard des princes chinois.

L’armée tartare avança jusqu’à la province de Quang tong, où elle ne trouva nulle résistance : mais il n’en fut pas de même dans la province de Quang si, où le cours de ses victoires fut interrompu.

Thomas Kiu viceroi de cette province, et Luc Tchin généralissime des troupes chinoises, tous deux chrétiens, s’opposèrent aux progrès des Tartares, et ceux-ci dans un long et opiniâtre combat qui se donna, furent entièrement défaits et mis en fuite.

Les victorieux élirent aussitôt un prince de la race impériale nommé Yong lié, qui était roi de la capitale de la province de Koei tcheou, et après l’avoir proclamé empereur, ils le conduisirent à Chao king pour y tenir sa cour. Un eunuque chrétien, très zélé pour la foi, nommé Pan Achillée, était à la tête de ses conseils, et c’est avec son secours que le père André Koffler instruisit des vérités chrétiennes la mère, la femme, et le fils aîné de l’empereur, et leur conféra le baptême.

On regardait le jeune prince comme devant être un jour le Constantin de la Chine. Ce fut le nom qu’on lui donna, lorsqu’il reçut le sacrement de la régénération spirituelle. Ces illustres néophytes, du consentement de l’empereur, envoyèrent le père Michel Boym à Rome, pour rendre en leur nom au Saint Siège l’obéissance filiale.

Le bruit qui se répandit dans toutes les provinces de la grande victoire remportée sur les Tartares, et du nouvel empereur qui avait été élu, ranima le courage des Chinois. Un capitaine, qui avait formé une armée dans la province de Fo kien et Tching tching cong qui courait les mers avec sa nombreuse flotte, reprirent plusieurs villes, l’un sur les côtes de la mer, et l’autre dans le milieu des terres. En même temps le viceroi de la province de Kiang si secoua le joug, et défit les Tartares en plusieurs combats.