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retira par ordre du mandarin ; mais inutilement, car ne pouvant survivre à la perte qu’elle venait de faire, elle mourut trois jours après.

La même année fut remarquable par deux évènements considérables : l’un fut la défaite des Tartares, dont dix mille furent tués par le général chinois nommé Li tchin ; et l’autre fut la perte que fit l’empereur de Tchang kiu tching, son colao et son maître. Il l’honora après sa mort du titre de Ven tchong, c’est-à-dire, homme distingué par sa science et par sa fidélité ; et il fit transporter son corps avec pompe dans la province de Hou quang, où était le lieu de sa sépulture.

Mais ces honneurs ne furent guère durables ; à peine vit-on écouler deux ans, que ses ennemis ayant fait valoir des accusations graves contre sa conduite, il fut dégradé de ses titres lui et sa postérité, et ses biens furent confisqués. Son fils, soit de chagrin, soit de crainte des supplices qu’on lui préparait, se donna la mort.

La vingtième année les rivières qui furent glacées, facilitèrent aux Tartares leurs excursions sur les terres de l’empire ; mais quoiqu’ils vinssent en grand nombre, les troupes chinoises les taillèrent en pièces. Ce fut la même année, c’est-à-dire, la 1583e de l’ère chrétienne que le père Mathieu Ricci entra à la Chine, où pendant vingt-sept ans qu’il y a demeuré, il s’est consumé de travaux et de fatigues. On le regarde, avec raison, comme le fondateur de cette belle mission.

La vingt-deuxième année fut funeste à l’empire par une grande stérilité. L’empereur donna plus que jamais des preuves de son affection pour ses sujets. Il implora souvent le secours du Ciel. Il remit une grande partie des impôts, et il envoya dans toutes les provinces des mandarins pour examiner la conduite des gouverneurs, et soulager la misère des peuples.


Il parut vers l’orient une comète l’année vingt-neuvième du cycle. À cette occasion un des colao, nommé Fong ngen, présenta une requête à l’empereur, et dit que la figure de cette comète l’avertissait qu’il eût à chasser de son palais quelques ministres, qui se laissaient corrompre par les présents, et qui ne se maintenaient dans leurs emplois que par de basses flatteries. Ses avis choquèrent l’empereur qui le fit mettre en prison, et le condamna à la mort. Mais son fils étant venu offrir sa vie pour sauver celle de son père, l’empereur fut touché et commua la peine de mort en un simple exil.

La trentième année du cycle la famine réduisit les habitants de la province de Ho nan à une telle extrémité, qu’on y vivait de chair humaine. Le trésor impérial fut aussitôt ouvert par ordre de l’empereur, pour apporter un prompt secours à cette malheureuse province.