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en témoignèrent leur surprise. « S’il ne mérite pas ces honneurs par sa naissance, répondit Hi tsong, il les mérite par l’excellente doctrine qu’il a enseignée. » Il tomba ensuite sur la ville de Nan king, d’où l’empereur s’était retiré, et s’en rendit le maître.

On loue fort la fidélité d’un général chinois nommé Yang pang, qu’on fît prisonnier, et qu’on pressa fort de prendre parti dans les troupes tartares : non seulement il refusa les offres les plus avantageuses qu’on lui fit, mais il écrivit de son sang sur la robe, qu’il aimait mieux mourir, et aller se réunir aux mânes de la famille Song, que de vivre et de servir des barbares. Cette fermeté lui coûta la vie, car il fut tué à l’instant même.

Cependant Yo si, autre général chinois, avançait à grandes journées avec son armée pour secourir la ville de Nan king ; les Tartares, qui en furent informés, mirent le feu au palais, et se retirèrent vers le septentrion. Yo si, qui arriva presque en même temps, ne put donner que sur l’arrière-garde des ennemis, qui fut fort maltraitée. Depuis ce temps-là ils n’osèrent plus traverser le fleuve Kiang.


Cycle LIX. Année de J. C. 1144.

Peu d’années après l’empereur fit la paix avec le roi tartare à des conditions bien peu honorables à la majesté chinoise. En signant le traité, il ne fit pas difficulté de prendre le nom de Tchin, c’est à-dire sujet, et celui de Cong, qui signifie tributaire.

Le Tartare, en considération de ces termes si soumis, s’engagea à envoyer les corps des huit parents de l’empereur, qui étaient morts depuis huit ans. Lorsque ces corps morts arrivèrent à la ville impériale, il y eut partout de grandes démonstrations de joie, les portes des prisons furent ouvertes, et on accorda une amnistie générale dans tout l’empire.

Les écrivains chinois, loin de blâmer cette action de l’empereur, en parlent avec éloge, comme d’un rare exemple de piété filiale.

L’année trente-cinquième de ce règne le roi tartare rompit la paix qu’il avait faite avec les Chinois, et à la tête d’une armée des plus formidables, il entra dans les provinces méridionales, et prit la ville de Yang tcheou. S’approchant ensuite du fleuve Yang tse kiang qui n’est pas éloigné de cette ville, il ordonna à ses troupes de passer ce fleuve vers son embouchure, et dans l’endroit où il est le plus large et le plus rapide. Il s’éleva un grand murmure par toute l’armée, et dans ce premier mouvement de sédition le roi tartare fut tué. L’armée se retira aussitôt du côté du septentrion, où il y avait des semences de troubles et de révoltes.

L’année dix-neuvième du cycle Kao tsong abdiqua la couronne, et la mit sur la tête de son fils adoptif nommé Hiao tsong. Il vécut encore vingt-cinq ans, et mourut sans enfants à l’âge de quatre-vingt-quatre ans.