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grand nombre de Chinois, le respect et l’honneur dûs au suprême seigneur du Ciel.

L’année seizième de son règne, il ordonna qu’on fît le dénombrement de tous ceux, qui par leur condition, étaient destinés aux travaux de l’agriculture ; on trouva vingt-un millions neuf cent soixante-seize mille neuf cent soixante-cinq hommes en état de cultiver les terres.

On ne comprend point dans ce nombre les magistrats, les lettrés, les eunuques, les soldats, les bonzes, ni ceux qui demeurent dans les barques, et qui forment des villes flottantes sur les rivières, dont le nombre est incroyable.

Van tan, un des colaos de l’empire, se voyant prêt de mourir, fit venir ses enfants, et leur parla de la sorte. « Ma conscience ne me reproche aucune faute contre le service de l’empereur et le bien de l’État ; il n’y a qu’un seul article que je ne saurais me pardonner : c’est de n’avoir pas conseillé à Sa Majesté de brûler ce pernicieux livre qu’il a reçu avec tant de respect. Je veux en être puni même après ma mort. C’est pourquoi, mes enfants, je vous ordonne qu’après que j’aurai rendu le dernier soupir, vous me fassiez raser les cheveux et la barbe, et que vous m’ensevelissiez sans bonnet et sans ceinture comme si j’étais un misérable bonze. »

L’empereur, après avoir fait réimprimer les anciens livres, pour les répandre dans tout l’empire, mourut la cinquante-neuvième année du cycle à l’âge de 55 ans. Gin tsong son sixième fils, qu’il avait eu de la seconde reine, fut son successeur.


GIN TSONG. Quatrième empereur.
A régné quarante-un ans.


Gin tsong n’avait que treize ans, lorsqu’il fut proclamé empereur. L’impératrice prit les rênes de l’empire pendant sa minorité, et les conserva jusqu’à sa mort, qui n’arriva que onze ans après que ce jeune prince fut monté sur le trône. Il eut pour l’impératrice la même docilité et la même déférence, que si elle eût été sa propre mère.

Des qu’il gouverna par lui-même, il ne s’appliqua qu’à maintenir la paix dans son empire, et à en faire goûter les douceurs à ses sujets. Son inclination pacifique ranima le courage et l’ambition des Tartares de Leao tong et ils eussent renouvelé la guerre, si l’empereur n’avait au plus tôt acheté la paix par un traité indigne de la majesté impériale.

Ce qu’il fit de mieux, fut de chasser de son palais toutes les idoles, et ceux qui les honoraient, et de défendre qu’on lui offrît aucun présent des pays étrangers.

Une grande sécheresse affligea l’empire l’année vingt-sixième de