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jeu des actions les plus cruelles, pour satisfaire par des voies secrètes l’envie qu’il avait d’usurper l’autorité souveraine.

On lui avait associé un homme de mérite, pour partager avec lui les fonctions du ministère : son ambition ne put souffrir de rival, il trouva le moyen de s’en défaire, et de s’en rendre seul le maître absolu.

Alors suivant son projet il ne pensa plus qu’à augmenter le nombre de ses créatures : il érigea plusieurs terres en principautés, dont il gratifia ceux qui étaient le plus dévoués à ses intérêts : il osa même offrir un sacrifice solennel au seigneur du Ciel, et quoiqu’il le fît au nom de l’empereur, il cherchait à accoutumer insensiblement les peuples, à le voir exercer des fonctions attachées à la seule autorité impériale : enfin il feignit divers prodiges qui se répandirent bientôt dans le public, et les créatures eurent grand soin de les faire passer dans l’esprit des peuples pour des signes certains, par lesquels, le Ciel déclarait qu’il avait envoyé Vang mang au secours de l’empire.


Cycle XL. Année de J. C. 4.

L’année deuxième de ce cycle, le perfide Vang mang fit couler du poison dans les mets de l’empereur, qui le réduisirent en peu de jours à l’extrémité. Ce traître feignit aussitôt de ressentir la plus vive douleur du danger où était la vie du jeune prince : il fit retentir le palais de ses cris, il poussait continuellement des vœux vers le Ciel, il alla même jusqu’à offrir sa vie, et se dévouer comme une victime pour la conservation d’une santé si chère ; et par ces artifices, il éloigna les soupçons qui pouvaient naître de son crime.

Il ne crut pas néanmoins que le temps fût favorable au dessein qu’il avait formé d’envahir l’empire ; mais il ne différa l’exécution de son projet, que pour en mieux assurer le succès : il fit mettre la couronne sur la tête d’un jeune enfant de deux ans nommé Iu tse yng, qui descendait de Suen ti, septième empereur de la dynastie régnante.


IU TSE YNG. Douzième empereur.
A régné trois ans.


L’enfance de ce prince maintint Vang mang dans toute l’autorité qu’il s’était donnée ; il en profita pour augmenter par ses bienfaits le nombre de ses partisans ; à peine trois ans furent écoulés, qu’il leva le masque : il fit descendre du trône le jeune prince qu’il y avait placé, et se fit proclamer empereur.