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de l’empire : mais ils furent toujours repoussés avec perte, et chassés bien loin des frontières.

La réputation de sa vertu et de la sagesse de son gouvernement, fit de si fortes impressions sur les nations les plus éloignées, que les habitants des provinces de Quang tong et de Quang si s’offrirent de suivre ses lois, de lui payer le tribut, et de vivre sous son obéissance. Il envoya des ambassadeurs pour recevoir leurs hommages.

Tout le défaut qu’on reproche à ce prince, c’est de s’être entêté follement des visions d’un imposteur, qui lui présentant un breuvage d’un très grand prix, l’assura que s’il le prenait, il deviendrait immortel. Il eut la faiblesse de se laisser éblouir d’une espérance si chimérique : mais c’est la seule qu’on puisse lui reprocher. Il mourut à l’âge de quarante-six ans, la vingt-unième année du cycle, et eut pour successeur son fils nommé King ti.


KING TI I. Quatrième empereur.
A régné dix-sept ans.


Ce prince se distingua par sa douceur et par sa clémence. Dès le commencement de son règne il publia une ordonnance qui diminuait la rigueur des supplices dont on punissait les criminels : il rétablit néanmoins les impositions que son père avait réduites à la moitié, et il apporta pour raison que l’agriculture étant rétablie, il était juste que le trésor impérial se remplît, pour subvenir aux besoins de l’État.

La trop grande indulgence de ceux qui présidaient à l’éducation des jeunes princes, causa sous ce règne de grands désordres : c’était la coutume d’élever les enfants des princes tributaires avec ceux de l’empereur. Le fils aîné de King ti en aimait un plus que tous les autres. Dans un festin qu’il leur donna, ils poussèrent l’intempérance jusqu’à cet excès, que le jeune prince ayant pris querelle avec son favori, le tua d’un coup de couteau. Le père ayant appris cette mort funeste de son fils, jura de s’en venger. Il intéressa dans son ressentiment six princes tributaires, qui prirent les armes en sa faveur.

L’empereur averti de cette ligue, prévint leurs efforts, et mit à la tête de son armée un général habile : il eut le secret d’attirer les ennemis dans une province, où il ne leur était pas aisé de faire venir des vivres, tandis que fortifié dans son camp, il avait en abondance toutes les munitions nécessaires pour la subsistance de son armée.

Ces princes, dans la crainte de se voir bientôt affamés, résolurent de partager leurs forces, et d’attaquer de tous côtés le camp