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Cycle XXXVII. Avant J. C. 177.


VEN TI. Troisième empereur.
A régné vingt-trois ans.


L’empire reprit son ancienne splendeur sous le règne de ce prince, et ses vertus lui concilièrent en peu de temps le respect et l’amour des Grands et du peuple.

Dans les sacrifices qu’il offrait selon la coutume, au seigneur du Ciel, ses premiers vœux avaient d’abord pour objet la félicité et le bonheur de ses sujets, et ensuite la conservation de sa personne. Il porta la frugalité, jusqu’à ne pas permettre qu’on fît le moindre changement dans ses meubles, ni qu’on le servît dans des plats d’or ou d’argent, et il défendit à ses femmes, même à l’impératrice, de porter des étoffes de différentes couleurs, et enrichies de broderies.

Il donna des témoignages publics de sa tendresse pour les peuples, en remettant l’impôt sur le sel, et la moitié des impôts ordinaires, et en ordonnant que les vieillards pauvres de chaque province qui auraient atteint l’âge de 80 ans, fussent nourris et entretenus à ses dépens.

On ne battait des monnaies de cuivre que dans la capitale de l’empire : le trésor impérial y trouvait du profit ; mais le public en souffrait à cause de la distance des lieux ; il permit d’en fabriquer dans tout l’empire, et il voulut que les pièces de cette monnaie fussent rondes, et percées en carré par le milieu, afin qu’elles pussent se transporter plus aisément.

Les guerres précédentes avaient désolé les campagnes, ruiné l’agriculture, qui est une des principales ressources de l’État : il cultiva la terre de ses mains royales pour ennoblir en quelque sorte une profession si pénible ; il fit planter des mûriers dans son palais, et y fit nourrir des vers à soie, pour engager les Grands à suivre son exemple, et il obligea l’impératrice et ses femmes à travailler des ouvrages à l’aiguille, pour animer les dames chinoises à se faire une semblable occupation.

Il devint le protecteur des sciences, et l’on eut toute liberté de reproduire les livres qui avaient été sauvés de l’incendie. Jusqu’alors on n’écrivait que sur des feuilles ou sur des écorces avec un poinçon de fer : c’est sous son règne qu’on trouva le secret de faire du papier, en broyant du bambou dans des moulins faits exprès, qu’on inventa les petits pinceaux qui se font de poil, et l’encre qui se détrempe avec un peu d’eau sur un marbre.

Pendant que ce prince était ainsi occupé du bonheur de ses peuples, les Tartares firent de temps en temps des irruptions sur les terres