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Cette armée joignit les ennemis, lorsqu’ils formaient le siège de Tai tong fou : elle les força dans leur camp, les mit en déroute, et les contraignit de repasser au plus tôt dans leur pays.

Cette victoire, et la confiance de Hoei vang dans le roi de Tsi, donnèrent à ce prince une si grande autorité, qu’il ne lui manquait plus que le titre d’empereur. Son ambition, qui était encore plus grande, l’eût porté même à détrôner son maître, s’il n’avait appréhendé que les autres princes tributaires, ses égaux, ne s’opposassent à son élévation.

On assure que c’est à la cinquante-huitième année de ce cycle, et à la seizième du règne de cet empereur, que le Japon commença d’être gouverné par des rois.


Cycle XXIX. Année avant J. C. 657.

L’Année sixième du cycle, termina la vie de Hoei vang, qui eut pour successeur son fils aîné, nommé Siang vang.


SIANG VANG. Dix-huitième empereur.
A régné trente-trois ans.


Siang vang encore jeune, et du vivant de son père, voyait avec impatience que le roi de Tsi ne mettait point de bornes à son ambition, que son autorité croissait de jour en jour, et que ses démarches tendaient à se rendre maître de l’empire. Dès qu’il fut sur le trône, il prit le dessein de réprimer cet ambitieux : comme il n’était pas en état de le faire à force ouverte, il eut recours à une adresse qui lui réussit.

Le roi de Tsi avait trouvé le moyen, par les intrigues de son premier ministre, d’assembler tous les petits souverains qui relèvent de la couronne impériale : c’était une espèce de convocation des États, qu’il n’appartient de faire qu’au seul empereur. Son but était de gagner tous ces princes, et de les engager à le reconnaître pour leur souverain.

L’empereur profita du temps que se tenait cette assemblée, pour rendre le roi de Tsi suspect à tous ces princes.

Il leur envoya un ambassadeur, homme habile à manier les esprits, avec des lettres de sa part à l’assemblée. Le cérémonial prescrit qu’une lettre qui vient de l’empereur, soit mise sur une table magnifiquement ornée, et qu’on lui rende les mêmes honneurs qu’à la personne même du prince, avant qu’on en fasse l’ouverture. Cette cérémonie fut observée de tous les princes tributaires.

Il n’y eut que le roi de Tsi qui parut hésiter, et il aurait même refusé de rendre cette marque de respect à son souverain, si son premier ministre ne lui eût fait sentir d’une part la défiance que sa conduite inspirerait aux princes assemblés, qui dans le fonds étaient