Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/446

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Cycle XXVI. Année avant J. C. 837.


SUEN VANG. Onzième empereur.
A régné quarante-six ans.


Li vang mourut dans son exil l’année dixième de ce cycle, et le trône fut occupé par le jeune prince que Tchao kong avait dérobé à la fureur d’un peuple révolté. Ce fidèle ministre avait eu le temps de faire connaître, de quelle manière il avait conservé les jours du légitime héritier de la couronne, et les grandes espérances qu’il donnait de la porter avec dignité : peu à peu il avait ramené les peuples à l’obéissance, et enfin à la mort de son père, Suen vang fut reconnu pour empereur.

Comme il était encore fort jeune, on associa à Tchao kong un autre ministre également fidèle, pour être ses tuteurs, et veiller à son éducation. Ces deux ministres remplirent un emploi si important avec un grand zèle, et leur auguste élève profita de leurs leçons avec une égale docilité.

Il en donna des preuves, aussitôt qu’il fut en âge de gouverner par lui-même, et l’on entendait dire à sa louange, qu’il rappelait ces siècles heureux, où le trône était rempli par le grand Yu, et par le sage Tching tang.

La cruauté, ou le dérèglement des précédents empereurs, avait éloigné de la cour les sages et les philosophes. Ces grands hommes voyant qu’ils ne pouvaient ni par leurs discours, ni par leurs conseils, arrêter le cours de tant de désordres, s’étaient exilés eux-mêmes, et avaient cherché dans les déserts, ou dans les montagnes, un asile, pour vaquer plus en repos à l’étude de la sagesse. Le jeune empereur les rappela de leur solitude, et les fixa auprès de la personne, par ses caresses, et par ses libéralités.

Sa vertu rappela de même au devoir de l’obéissance, tous ceux que la tyrannie de son père en avait écarté : les princes tributaires se firent un plaisir de lui rendre leurs hommages, et d’imiter ses exemples dans l’administration de leurs États, et par-là tous les membres de l’empire furent dans la plus parfaite subordination.

Quelques nations du midi, séparées de la Chine par le grand fleuve Yang tse kiang, s’étaient prévalu de l’indépendance où elles vivaient, pour ravager les terres voisines de l’empire. Suen vang envoya contre elles une armée commandée par de braves officiers, qui réprima leur orgueil, et qui les soumit aux lois et aux usages de l’empire.

La mort de ce prince, qui arriva la cinquante sixième année du cycle, mit son fils, nommé Yeou vang, en possession de la couronne.