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de ses dérèglements. Ils lui firent plusieurs fois des remontrances sur sa conduite ; et comme leurs avis étaient inutiles, ils le firent descendre du trône, l’envoyèrent en exil, et mirent à sa place son frère Yao.

Ce n’est qu’au règne de Yao qu’on peut appliquer le cycle sexagénaire, car quoiqu’il ait été inventé par le célèbre Hoang ti, la durée de ces premiers règnes est très incertaine ; au contraire depuis l’empereur Yao, jusqu’à Jésus-Christ, la chronologie est parfaitement bien conduite, et les auteurs chinois ont tout marqué par année, et dans un grand détail, jusqu’aux divisions qui ont troublé l’empire, et aux interrègnes, avec le temps de leur durée. C’est ce qui m’a porté à ne commencer l’ordre des cycles que par l’empereur Yao.


Cycle I. Année avant J. C. 2357.


YAO. Huitième empereur.
A régné seul 72 ans, et 28 avec Chun qu’il associa à l’empire.


Ce fut la quarante-unième année du cycle précédent que ce prince monta sur le trône : il est regardé comme le premier législateur de la nation, et comme le modèle de tous les souverains ; c’est sur lui et sur son successeur, que tous les empereurs jaloux de leur réputation tâchent de se former, et c’est encore maintenant faire le plus grand éloge d’un empereur de la Chine, que de dire qu’il ressemble à Yao, à Chun etc.

La vertu, disent les historiens, lui était comme naturelle ; il était actif, laborieux, vigilant, d’une pénétration, et d’une intelligence qui prévoyait tout ; d’une modération et d’une équité, qui maintenait la vigueur des lois, et en même temps les faisait aimer, n’employant jamais son autorité que pour procurer le bien de ses sujets ; d’une modestie égale à sa grandeur ; elle éclatait jusque dans les hommages que son rang lui attirait. Grande frugalité dans ses repas, il se contentait des viandes les plus grossières. Nulle magnificence dans ses meubles ; son palais était dénué de tout ornement, et ses vêtements n’étaient que d’étoffes de laine pendant l’été, ou de peaux de cerf durant l’hiver. S’il arrivait quelque calamité publique, ou qu’un de ses sujets se fût rendu coupable de quelque crime, il attribuait ce malheur à son peu de vertu, ou il le regardait comme un châtiment du Ciel, qui punissait sa négligence à bien instruire les peuples. Il ne faisait jamais la visite de son empire qu’après avoir offert des sacrifices au souverain Maître du Ciel : ses sujets aspiraient au bonheur de le voir, et ils attendaient ce moment heureux avec la même impatience, que les campagnes arides attendent la pluie. Enfin son règne fut si doux