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plomb. Il y a quelques années qu’un gouverneur d’une ville du premier ordre, dans le district duquel sont ces mines, présenta un mémorial à l’empereur, où il entrait dans le détail des précautions qui se pouvaient prendre, pour parer aux inconvénients qu’on avait à craindre dans l’ouverture de ces mines. Il marquait entre autres choses, que les gens du territoire s’offraient à les ouvrir à leurs frais, que nul ne serait admis pour ce travail, soit de la province, soit des provinces voisines, qui n’eût une patente de son mandarin, et qui ne donnât quatre personnes qui répondissent de sa conduite.

L’empereur renvoya ce mémorial au Hou pou, qui est la Cour des finances, pour l’examiner. Cette Cour souveraine après avoir délibéré, approuva ce qui était contenu dans le mémorial, à condition que, suivant ce qui s’est pratiqué d’autres fois en pareille occasion, on donnerait quarante pour cent à l’empereur, et cinq pour cent aux officiers et aux soldats qui présideraient à l’ouvrage. Dans la suite l’empereur s’est réservé la mine d’or, dont il fait lui-même les frais.

Il croît dans cette province un arbre assez singulier : au lieu de moelle il a une chair molle, dont on se sert comme de farine, et dont le goût n’est pas mauvais.

On y voit quantité de ces petits insectes dont j’ai parlé ailleurs, qui produisent de la cire blanche. La cannelle qu’on y trouve, répand une odeur plus agréable que celle de l’île de Ceylan. On y fabrique des toiles de soie qui sont presque aussi chères que les étoffes de soie ordinaires. Enfin ce pays produit des perroquets, des porc-épics, et des rhinocéros.


Première ville, capitale de la province.
QUEI LING FOU.


C’est sur le bord d’une rivière qui se jette dans le Ta ho, que cette capitale est située. Quoique la rivière soit considérable, elle coule avec tant de rapidité au travers de vallées si étroites, qu’elle ne peut être navigable, ni d’aucune utilité pour le commerce.

La ville a cela de singulier, qu’elle est bâtie en partie sur le modèle de nos anciennes fortifications : mais elle est beaucoup inférieure à la plupart des autres capitales.

Son nom Quei ling, signifie forêt de fleurs de quei, parce qu’en effet cette fleur appelée quei, bien qu’elle soit assez commune dans toute la Chine, se trouve en bien plus grande quantité dans cette province, et surtout dans le territoire de cette ville ; elle naît sur un fort grand arbre dont les feuilles ressemblent à celle du laurier.

Cette fleur est petite, jaune, et vient par bouquets ; elle ne se conserve pas longtemps sur l’arbre ; lorsqu’elle est tombée, l’arbre après quelque temps en porte d’autres. Il en est tout couvert en automne, et elle exhale une odeur si agréable, que tout le pays en est parfumé.