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ONZIÈME PROVINCE
DE L'EMPIRE DE LA CHINE.

SE TCHUEN


La province de Se tchuen ne le cède guère à la plupart des autres provinces, ni par sa grandeur, ni par son abondance. Elle est bornée au nord par la province de Chen si ; au levant par celle de Hou quang, au midi par celles de Koei tcheou et d’Yun nan ; et au couchant par le royaume de Thibet, et quelques peuples circonvoisins. Elle est partagée en dix contrées, qui comprennent dix villes du premier ordre, et quatre-vingt-huit autres villes, tant du second, que du troisième ordre qui en dépendent, sans parler des villes de guerre, des forts qui y sont en grand nombre.

Le grand fleuve Yang tse kiang traverse cette province, qui est très riche, non seulement par la quantité de soie qu’elle produit, mais encore par ses mines de fer, d’étain, et de plomb ; par son ambre et par ses cannes à sucre, par ses excellentes pierres d’aimant, et ses pierres d’azur, qui sont d’un très beau bleu. Elle abonde en musc.

On y trouve quantité d’orangers et de citronniers ; des chevaux très recherchés, parce qu’ils sont petits, fort jolis, et très vifs ; des cerfs, des daims, des perdrix, des perroquets, et de ces poules, dont la laine est semblable à celle des brebis, qui sont fort petites, qui ont les pieds courts, et qui plaisent infiniment aux dames chinoises, lesquelles en élèvent par amusement. C’est de cette même province qu’on tire la meilleure rhubarbe, et la véritable racine de fou lin, qui renferme sous son écorce une chair blanche, spongieuse, et un peu gluante, dont les médecins font un grand usage dans leurs remèdes, et qu’ils font entrer presque dans toutes leurs recettes. On en trouve de sauvages dans les autres provinces, mais qui n’est pas si grande que la véritable, et qui a bien moins de vertu. Elle fournit pareillement une autre racine nommée fen se, qui est d’un plus grand prix, et par conséquent d’un usage moins commun.

Comme cette province est éloignée de la mer, il serait difficile d’y transporter du sel : la Providence y a pourvu ; on creuse des puits dans les montagnes, d’où l’on tire une eau salée : cette eau évaporée sur le feu, laisse du sel, mais qui ne sale pas si bien que celui de la mer.


Première ville, capitale de la province.
TCHING TOU FOU


C’était autrefois une des plus belles villes de l’empire ; mais ayant été ruinée en l’année 1646, aussi bien que toute la