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de mille dans les environs, et dans les lieux dépendants de Kia hing fou et de Hou tcheou fou puisqu’à peine trouve-t-on le moindre village, où l’on ne travaille à la soie.

Certains taffetas à fleurs et satinés, qu’on nomme lin tse ; et d’autres tout simples, mais serrés et unis, appelés lao fang se, qui se font dans cette ville, sont regardés comme les meilleurs qui se fassent dans tout l’empire, et sont extrêmement recherchés.

Mais ce qui rend cette ville délicieuse, c’est un petit lac nommé Si hou qui est tout proche, et qui a deux lieues de circuit : l’eau en est belle, claire comme du cristal, en sorte qu’on voit au fond les plus petites pierres : au bord où l’eau est basse, il est tout couvert de fleurs de lien hoa. On y a élevé sur des pilotis des salles ouvertes soutenues de colonnes, et pavées de grands quartiers de pierre pour la commodité de ceux qui veulent se promener à pied. On y a aussi construit des levées revêtues partout de pierres de taille, et dont les ouvertures qui servent de passage aux bateaux, sont jointes par des ponts assez bien travaillés.

Au milieu du lac sont deux petites îles, où l’on se rend d’ordinaire, après avoir pris le plaisir de la promenade sur des barques ; on y a bâti un temple et quelques maisons propres à se divertir. Les bords du lac sont d’ailleurs ornés de temples, de grands monastères de bonzes et d’assez jolies maisons, parmi lesquelles on voit un petit palais à l’usage de l’empereur : il y a logé, lorsqu’il voyageait dans les provinces méridionales.


KIA HING FOU. Seconde ville.


Tout ce pays est arrosé de lacs et de canaux, que l’industrie chinoise a creusés. La ville est grande, bien peuplée, et très marchande ; ses faubourgs sont d’une très grande étendue, et l’on voit quantité de beaux ponts sur ses canaux et sur ses fossés. Il n’y a point de maison où l’on ne nourrisse des vers à soie.

On a fait entrer dans la ville des canaux de tous côtés, dont les bords sont revêtus de belles pierres de taille ; il y a dans toutes les rues de beaux portiques sous lesquels on peut se promener à couvert de la pluie. On y voit beaucoup d’arcs de triomphe, et dans la ville, et au dehors. Il y a quinze tours de marbre sur les bords du canal, qui est au couchant de la ville, par où passent toutes les barques.

Le fruit nommé po tçi dont j’ai déjà parlé, croît partout dans des eaux croupies et marécageuses. En automne on prend de petits oiseaux qui se confisent dans du vin fait de riz, et qu’on vend toute l’année. On y pêche aussi de très bonnes écrevisses.

Aux environs de la ville de Hai yen hien qui est sur le bord de la mer, sont des salines dont l’on tire beaucoup de sel. De tous côtés on ne voit que manufactures de soie. Tout le pays est plat, et l’on n’y trouve aucune