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TCHIN KIANG FOU. Cinquième ville.


Ce n’est pas une des plus grandes villes de la province ; car elle n’a guère qu’une lieue de tour : mais elle est des plus considérables par sa situation et par son commerce : c’est une clef de l’empire du côté de la mer, et en même temps une place de guerre, où il y a une grosse garnison. Ses murailles sont hautes de plus de trente pieds en plusieurs endroits, et faites de briques épaisses au moins de quatre à cinq pouces. Les rues de la ville et des faubourgs sont pavées de marbre. Elle est située sur les bords du Ta kiang qui en cet endroit est large d’une demie lieue, et à l’orient d’un canal artificiel, qu’on a conduit jusqu’à cette rivière.

A six cents pas de la rive, on voit dans le fleuve une montagne, nommée Kin chan, ou Montagne d’or, à cause de son agréable situation. Sur le sommet est une tour à plusieurs étages. Cette île a bien cinq cents pas de circuit : elle est bordée de temples d’idoles, et de maisons de bonzes. De l’autre côté du fleuve, à une demie lieue de Tchin kiang, est Koua tcheou ; quoique ce lieu n’ait pas le nom de ville, et qu’il ne passe que pour ma teou, ou lieu de commerce, il est aussi considérable que les plus grosses villes.

Les faubourgs de Tchin kiang ont mille pas géométriques de longueur ; ils ne sont pas moins peuplés que la ville même ; des ponts de pierre en font la communication. On voit dans les rues, et principalement sur le port, une si grande affluence de peuple, qu’à peine peut-on s’y ouvrir le passage. Il y a près de la ville des coteaux fort agréables. Sa juridiction est de peu d’étendue, car elle n’a d’autorité que sur trois villes du troisième ordre.


HOAI NGAN FOU. Sixième ville.


Cette ville, qui est située dans un lieu marécageux, et fermée d’un triple mur, est riche, quoi qu’elle ne soit pas extrêmement peuplée ; on craint d’y être submergé par quelque crue d’eau extraordinaire, car le terrain de la ville est plus bas que celui du canal, qui n’est soutenu en bien des endroits, que par des digues de terre ; mais à deux lieues elle a un bourg de sa dépendance, nommé Tsing kiang pou, qui est comme le port du fleuve Hoang ho, et qui est très étendu, très peuplé, et d’un fracas extraordinaire. C’est là que réside un des grands mandarins, nommé tsong ho, c’est-à-dire intendant général des rivières, ou grand maître des eaux. Ce mandarin a sous lui un grand nombre d’officiers, qui ont chacun leur département, et sont placés dans des lieux convenables.

Au-delà du Hoang ho on trouve sur le canal quelques villes, que les mahométans ont tâché de rendre marchandes, en y attirant le commerce ; mais ils n’y ont pas réussi. Leurs mosquées sont fort élevées, et la structure