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Le vide qui est entre cette enceinte du palais, et le premier mur nommé Hoang tching, qui a plus de quinze lis de circuit, est occupé, surtout par les maisons, soit des officiers particuliers de la maison de l’empereur, soit des eunuques, et par les différents tribunaux dont les uns ont soin de fournir les choses nécessaires au service du prince, et les autres doivent maintenir l’ordre, juger des différends, terminer les procès, et punir les crimes commis par les domestiques de la famille impériale. Néanmoins lorsqu’il s’agit de grands crimes et avérés, ces tribunaux du palais nommés tribunaux intérieurs, renvoient les criminels aux tribunaux extérieurs, qui sont les grands tribunaux de l’empire.

Quoique l’architecture du palais impérial soit tout à fait différente de la nôtre, elle ne laisse pas de frapper par la grandeur, par la disposition régulière des appartements, et par la structure des toits à quatre pentes fort élevées, ornés sur l’arête d’une plate bande à fleurons, et relevés par les bouts. Le tout est couvert de tuiles vernissées d’un si beau jaune, que de loin elles ne paraissent guère moins éclatantes, que si elles étaient dorées. Autour règne un second toit également brillant, qui naît de la muraille, et qui est soutenu par une forêt de poutres, de tirants, d’appuis, tous enduits de vernis vert, semés de figures dorées. Ce second toit, avec le débordement du premier, forme une espèce de couronnement à ces édifices, qui fait un très bel effet ; et peut-être est-ce par l’impression de beauté que fait un bâtiment, qu’on doit juger de la bonté des règles de l’art, puisque celles que nous avons en Europe, et dont les autres nations ne s’accommodent pas, ne nous ont paru bonnes, que parce que nous avons trouvé de la grâce et de la beauté dans les ouvrages, où les Romains semblent les avoir suivis.

Quoiqu’on pense sur le goût de l’architecture, il est certain que ces salles bâties de la sorte avec leurs avant-cours, entourées de galeries, et rangées l’une après l’autre dans un ordre suivi et régulier, fait un tout très magnifique, tout à fait auguste, et digne du plus grand empire de l’univers.

Les terrasses sur lesquelles sont placés ces appartements, contribuent aussi beaucoup à leur donner cet air de grandeur qui frappe les yeux. Ces terrasses sont hautes d’environ quinze pieds, revêtues de marbre blanc, ornées de balustrades assez bien travaillées, et ouvertes seulement aux entrées des escaliers posés sur les côtés, et sur le milieu, aussi bien que vers les coins de la façade. L’escalier du milieu n’est proprement qu’une rampe d’un ou de deux quartiers de marbre, sans marches et sans repos. Il n’est permis à personne d’y passer pour entrer dans les appartements. Il n’y a que l’empereur qui y passe porté dans sa chaise couverte les jours de cérémonie.

Ces terrasses font devant les portes et les fenêtres de l’appartement, une plate-forme pavée de marbre fort large, et qui dans sa longueur de l’est à l’ouest, déborde toujours hors de la salle de sept à huit pieds. Tel est l’appartement où loge l’empereur ; tel est celui qui est plus avancé vers la partie méridionale, et qui est exposé aux yeux de tous les mandarins de l’empire, nommé Tai ho tien comme qui dirait la Salle de la grande union.