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Le 14 nous partîmes de Te tcheou, et nous fîmes deux postes de sept lieues : la première jusqu’à Ngen hien, et la seconde jusqu’à Cao tang tcheou. L’incommodité qui survint à un des deux Pères avec qui j’étais, l’obligea de quitter le cheval, et de prendre une chaise, ce qui nous fit marcher pendant quelque temps à plus petites journées. On a l’avantage quand on a un cang ho de faire par jour autant de postes qu’on veut.

Le 15 les deux postes que nous fîmes furent chacune de six lieues : la première jusqu’à Tçin ping hien et la seconde jusqu’à Tong kieou ell.

Le 16 trois postes, la première de quatre lieues, la seconde de huit jusqu’à Tong ping tcheou, la troisième de six jusqu’à Voen tchang hien. Nous y arrivâmes bien avant dans la nuit, parce que la traite fut longue, et que nonobstant la diligence des mandarins, nous fûmes arrêtés à deux rivières, où ne trouvant point de barque, il fallut perdre du temps à desseller nos chevaux, et à leur faire traverser les rivières à la nage.

Depuis Peking jusqu’à Tong ngo hien, par où nous n’avons fait que passer, si l’on en excepte cette longue chaîne de montagnes appelées Si chan, c’est-à-dire, montagnes d’occident, que nous laissâmes sur la droite dès le second jour de notre marche, tout le pays est plat et uni, et l’on voit une vaste campagne à perte de vue. Depuis Tong ngo hien nous commençâmes à marcher pendant quelques heures entre les montagnes, et nous y fûmes fort incommodés de la chaleur.

Le 17 deux postes : l’une de 4 lieues et demie jusqu’à Sin kia y, l’autre de 4 lieues jusqu’à Yen tcheou fou. Avant que d’arriver en cette ville, nous trouvâmes, dans l’espace de trois quarts de lieues, la campagne désolée par une multitude effroyable de grosses sauterelles de couleur jaunâtre, appelées hoang tchong, c’est-à-dire, insecte jaune. L’air en était tout rempli, et la terre tellement couverte, même sur les grands chemins, que nos chevaux ne pouvaient marcher sans en faire voler des tourbillons à chaque pas. Ces insectes avaient déjà ruiné en ce pays-là toute espérance de récolte. Cette funeste plaie n’avait pas beaucoup d’étendue, car à une lieue de distance de cet endroit ainsi ravagé, les moissons étaient parfaitement belles.

Le 18 trois postes : la première de cinq lieues jusqu’à Tcheou hien, la seconde de cinq lieues et demie jusqu’à Kiai ho y, et la troisième de trois lieues et demie jusqu’à Teng hien, où le mandarin ne trouvant point d’auberge propre à nous loger, nous fit conduire dans le palais de Cong fou tse, ou Confucius. Le lieu était fort commode. Il y en a de semblables dans toutes les villes de la Chine, où les mandarins et les gradués s’assemblent en certains temps de l’année, pour rendre leurs devoirs à ce prince des philosophes de leur nation.

Le 19 deux postes chacune de huit lieues. La première jusqu’à Lin tching y, la seconde jusqu’à Li co y, terre de la province de Kiang nan. L’extrême chaleur de la saison et du climat, nous obligèrent de marcher une partie de la nuit.

Le 20 nous ne fîmes qu’une poste de sept lieues jusqu’à Siu tcheou, ville