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vallon enfermé : les sommets des montagnes n’y paraissent plus que comme des collines.

Ce vallon est pierreux, cultivé de part et d’autre, et planté d’arbres qui donnent de l’ombre. L’eau coule par le milieu entre les cailloux, et fait un ruisseau suffisant pour désaltérer les animaux, et pour arroser les terres. Au sortir de ce lieu les hommes et les chevaux montent une montagne fort rude : les chaises et les litières la côtoient encore dans la vallée plus d’une demie lieue, pendant lequel temps on passe deux villages : dans le premier on fait beaucoup de ces poteries de terre, dont j’ai parlé. Après le second il me fallut grimper la montagne par un chemin fort raide ; les terres y sont semées de tous côtés, les chemins étroits où les charrettes ne peuvent passer. Sur une pointe de montagne on voit une espèce de château ruiné, dont il ne reste que les murailles.

Je descendis ensuite dans un vallon, où se trouve un pont de pieux sur un torrent ou petite rivière de couleur jaune, puis je montai une autre montagne ; après quoi les terres sont fort belles et toutes labourées, les collines coupées en terrasses jusqu’au sommet, et chaque terrasse semée ; j’en ai compté plus de quarante les unes sur les autres ; plusieurs sont soutenues de murailles faites des pierres qu’on a tirées des montagnes mêmes : ces terrasses se voient de tous côtés à deux et trois lieues : le pays est diversifié d’arbres, de maisons, et de pagodes placées sur des hauteurs.

A cinq ou six lieues à droite, je voyais des montagnes beaucoup plus hautes que celles où je me trouvais. Il est vraisemblable que les Chinois ont aplani la plupart de celles-ci par le haut, afin de les ensemencer, ce qui est un rude travail. J’allai coucher à Tcheou tchouen, c’est un bourg assez joli, fermé de murailles de brique. Quarante lis route au sud sud-est.

Le 10 je fis 45 lis pour aller dîner au village de Li tchouen. Je crois que la route était sud-est, le soleil ne paraissant pas pour en juger. J’ai monté et descendu trois montagnes, et passé cinq gros villages, outre trois ou quatre que je voyais à droite. La première montagne n’est pas si raide à monter : on trouve au-dessus de belles terres labourées ; la descente en est rude. La seconde montagne est plus raide, on se voit au milieu des collines labourées et coupées en terrasses, j’en ai compté plus de cent en une seule colline. Ces terrasses sont larges de 20 et 30 pieds, quelques-unes de 12 et encore moins, selon la pente de la colline.

Après avoir marché ainsi plus d’une lieue, ne voyant que des collines, semées, et des bouquets d’arbres, on monte d’autres collines pierreuses : les chemins y sont pavés de gros cailloux mais très inégaux. Sur ces collines toutes les terrasses sont revêtues de pierre durant à peu près une demie lieue. Ces pays labourés et cultivés avec tant de travail, donnent encore plus d’idée de l’industrie chinoise, que les mines de Kiang nan, de Chan tong et de Pe tche li.

Après ces collines, les montagnes commencent à être stériles, excepté