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vinces de Kiang nan, de Fo kien, et quelques autres, comptent les lys fort différemment, comme on s’en est assuré en les comparant toutes à la même mesure. Cela seul suffit pour faire voir que les longitudes du père Martini, non plus que celles du père Noël, ne peuvent être justes, parce qu’elles n’ont été déterminées que sur des distances telles que les Chinois les comptent par leurs lys ou stades, dont il fallait du moins connaître la longueur avant que de s’en servir.

De même, par les observations que les pères Régis et Jartoux firent avec les meilleurs instruments, tant à Si ning où ils demeurèrent un mois, que dans quelques autres villes, ils trouvèrent toujours entre les hauteurs qu’ils prirent, et celles que prit autrefois le père Grueber, une différence de 29 à 30 minutes, soit que ce père eût des instruments trop courts et mal divisés, comme il est vraisemblable, soit qu’il n’ait pas eu égard au diamètre du soleil.

Du reste je ne crois pas qu’on entre dans le moindre soupçon de la bonne foi de quelques missionnaires, qui n’ayant demeuré que dans ces belles provinces, où la nature semble avoir étalé toutes ses richesses, ont donné lieu de croire par les descriptions charmantes qu’ils en ont faites, que toutes les autres provinces leur étaient semblables : ils n’ont parlé que de ce qu’ils voyaient tous les jours, et si à cette occasion on a pris en Europe de fausses idées du reste de l’Empire, ils n’en sont pas responsables : ce qu’ils ont dit n’en est pas moins vrai. On n’avait pas encore parcouru toutes les provinces, comme on l’a fait depuis par l’ordre de l’Empereur, pour en dresser une carte exacte, et tâcher, par un travail si pénible de mériter de plus en plus la protection de ce