Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à cette porte, est pareillement chargé d’un autre édifice plus gros que le premier, qui a quatre étages avec douze petites fenêtres carrées à chacun, ce qui fait un très bel aspect au bout de la seconde rue de la première ville.

Après avoir passé ces deux portes, nous tournâmes aussitôt à main droite, où nous trouvâmes la maison des jésuites portugais, qui est vis-à-vis et proche du rempart. Il y a une double entrée : à la première, trois petites portes assez propres conduisent dans une cour carrée et régulière, d’où l’on passe à l’église. Elle est flanquée à son entrée de deux tours carrées fort propres, et terminées en façon d’observatoire. A main droite, c’est-à-dire dans la première, il y a un très bel orgue, et dans l’autre une horloge à plusieurs timbres.

Au commencement de l’année chinoise tout Peking vient voir ces curiosités, et la cour ne désemplit point depuis le matin jusqu’au soir. Pendant ce temps-là on fait jouer l’orgue et sonner l’horloge, et plusieurs qui entrent dans l’église, ne manquent guère de s’informer des mystères qu’ils voient représentés dans les peintures, car il y a tout le jour un catéchiste qui les explique ; de sorte que ce concours ne se fait jamais sans que plusieurs âmes, qui ne cherchaient d’abord qu’à satisfaire leur curiosité naturelle, n’y trouvent ensuite les semences et les motifs de leur conversion à la foi.




ROUTE

que tint le père de Fontaney depuis Peking jusqu’à Kiang tcheou dans la province de Chan si, et depuis Kiang tcheou jusqu’à Nan king, dans la province de Kiang nan.


Ce fut le 30 mars de l’année 1688 que nous partîmes de Peking pour aller d’abord à Kiang tcheou : c’est un voyage de dix-huit journées médiocres ; les mulets que je louai ne revenaient qu’à douze francs chacun, sur quoi le muletier est obligé de les nourrir et de se nourrir lui-même. Je vins coucher à Teou tien village qui est à 80 lis de Peking[1].

Le 31 je passai pas Tso tcheou, où je pris la route de Chan si. On ne saurait croire la multitude prodigieuse de monde qu’on trouve sur le chemin : les rues de nos meilleures villes d’Europe, ne sont pas si battues. Nous fîmes huit lieues pour gagner Ting hing hien : c’est une ville carrée, qui a 500 pas du nord au sud, sur environ 400 pas est ouest, les murailles sont de terre, les créneaux de brique.

Un peu avant le village de Pe keou, qui est à 20 lis au-delà, on passe une rivière sur un pont de bois couvert de terre. Cette rivière court vers l’orient, et traîne beaucoup de sable. Toujours grand monde sur ces chemins qui sont fort larges, et plantés d’arbres depuis Peking de part et d’autre avec des murailles pour couvrir et conserver la campagne. En moins

  1. Il faut se souvenir que 10 lis ou stades font une lieue.