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qu’ils ont pareillement soin de teindre. Ils n’ont pour habits qu’un caleçon, et une espèce de casaque qu’ils replient sur l’estomac.

Les marchands chinois trouvent le moyen, apparemment par l’entremise des mandarins Miao sse soumis, de commercer avec les Miao sse sauvages, et d’acheter les bois de leurs forêts. Ceux-ci les coupent, et les jettent dans une rivière qui coule au milieu de leur pays.

Les Chinois qui sont de l’autre côté un peu plus bas, les reçoivent et en font de grands radeaux. Le prix de la marchandise reste entre les mains de celui dont on est convenu ; ce prix consiste ordinairement en certain nombre de vaches, de bœufs, et de buffles. Des peaux de ces animaux les Miao sse se font des cuirasses, qu’ils couvrent de petites plaques de fer ou de cuivre battu ; ce qui les rend pesantes, mais aussi très fortes, et d’un grand usage chez ces nations.

Parmi les Miao sse soumis, on en voit qui ont leurs chefs ; mais ces chefs n’ont pas le pouvoir de les juger. Ils diffèrent cependant du peuple chinois, en ce qu’ils n’habitent que dans leurs villages, et qu’ils ne viennent point à la ville à moins de quelque grande nécessité.

Ceux que les Chinois appellent Mou lao, c’est-à-dire, rats de bois, et qui n’habitent qu’à trois ou quatre lieues des postes d’Yun nan par la province de Koei tcheou, sont mieux vêtus que tous les Miao sse de la province. La forme de leur vêtement est celle d’un sac à manche large par les bouts, et taillé en deux pièces au-delà du coude. Il paraît dessous une espèce de veste d’autre couleur. Les coutures sont chargées des plus petites coquilles qu’ils puissent trouver dans les mers d’Yun nan, ou dans les lacs du pays. Le bonnet et le reste sont à peu près de même. La matière est faite de gros fils retors d’une espèce de chanvre et d’herbes qui nous est inconnue. C’est apparemment celle qu’on emploie pour faire les tapis dont nous avons parlé, qui est tantôt tissue toute unie, et d’une seule couleur, et tantôt à petits carrés de diverses couleurs.

Parmi les instruments de musique dont ils jouent, on en voit un composé de plusieurs flûtes insérées dans un plus gros tuyau, qui porte un trou ou une espèce d’anche, dont le son est plus doux et plus agréable que le chin chinois, qu’on regarde comme une petite orgue à main qu’il faut souffler.

Ils savent danser en cadence, et en dansant ils expriment fort bien les airs, gais, tristes, etc. tantôt ils pincent une manière de guitare ; d’autres fois ils battent un instrument composé de deux petits tambours opposés ; ils le renversent ensuite, comme s’ils voulaient le jeter et le mettre en pièces.

Ces peuples n’ont point parmi eux de bonzes qui les attachent à la religion de Fo. Ainsi libres de ce malheureux engagement, qui est un obstacle considérable aux Chinois et aux Lo los, ils pourraient plus facilement embrasser la vraie religion ; si toutefois ils n’ont pas chez eux (ce que nous ignorons) des séducteurs encore pires, tels que sont certains jongleurs tartares.

Dans la partie de Hou quang la plus voisine de la province de Quang tong