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par ses propres forces, et par le secours de ses alliés. Il mourut sans laisser après lui de postérité.

Sou si son plus proche héritier et son successeur eut l’âme plus guerrière. Il fut appelé avec ses alliés tartares et quelques autres alliés de l’empire au secours de l’empereur Huen tsong, qui se vit obligé de quitter sa cour de Tchang gan, (c’est la ville qui s’appelle maintenant Si ngan) et de l’abandonner aux rebelles commandés par le général Gan lo chan.

Le prince héritier qui les avait appelés, leur avait promis de grandes récompenses après la victoire. Il tint sa parole, et non content de leur abandonner le pillage de quelques villes rebelles, et entr’autres de celle de Loyang qui était très riche, il leur fit encore présent de quantité d’étoffes de soie, et de tout ce que la Chine fournit de plus rare.


757.

Mais soit qu’ils ne fussent pas contents de ces présents, soit que l’épreuve qu’ils venaient de faire de leurs forces les eût rendus plus entreprenants, ou que la politique leur inspirât de profiter de la faiblesse d’un empire épuisé par tant de guerres civiles, aussitôt qu’ils eurent appris la mort de l’empereur, ils se mirent en marche avec une formidable armée, et firent une diligence incroyable ; on ne s’aperçut de leur irruption, que quand ils arrivèrent sur les frontières de l’empire.

Les commandants des places de Ta tchin koen, de Lan tcheou, et de tout le pays de Ho si ou furent surpris, et forcés de se rendre. La nouvelle n’en vint à la Cour que par quelques fuyards : le ministre eut d’abord peine à la croire, cependant comme il était de la sagesse de prendre ses précautions, il ordonna au plus habile des officiers généraux qui se trouvaient à la Cour, de partir à la tête de trois mille hommes de cavalerie pour en apprendre des nouvelles certaines.

A peine Co tsey (c’est le nom de ce général) fut-il arrivé à Hien yang voisine de la Cour, qu’il fut informé que l’armée ennemie composée de trois cent mille combattants devait arriver ce jour-là même. Il dépêcha aussitôt un courrier au ministre, pour le presser de lui envoyer du secours, sans quoi avec le peu de troupes qu’il avait, il ne lui était pas possible de s’opposer à l’irruption des Tou fan qui étaient prêts à fondre sur la ville où résidait l’empereur avec sa Cour.

Le ministre ne s’en remua pas davantage : cependant les généraux des ennemis qui connaissaient le pays, ne furent pas plutôt arrivés à Hien yang, qu’ils détachèrent un corps de troupes considérable, pour s’emparer d’un pont qui était sur la rivière. Le lendemain le reste de l’armée suivit, et y arriva en bon ordre.

L’empereur à qui on avait caché jusque-là le danger où il se trouvait, fut tout à coup si consterné, qu’il abandonna son palais, et prit la fuite : les Grands de sa Cour, les officiers, le peuple, tout suivit son exemple.

Ainsi l’armée victorieuse entra sans résistance dans les palais de l’empereur et des princes, où ils trouvèrent des richesses immenses qu’ils pillèrent, après quoi ils y mirent le feu de même qu’en différents quartiers de la ville.