en est toutefois si sec et si peu arrosé de ruisseaux, qu’il ne produit presque point de riz, dont les Chinois ont peine à se passer. Il ne produit que du froment, avec quantité de petits grains. C’est ce qui fait que cette province, et surtout Peking, qui est l’abord de tout l’empire, ne peut subsister sans le secours des denrées qui s’apportent de ces provinces, et de presque toutes les autres provinces de l’empire.
A parler en général, tout ce qui est en deçà du nord du fleuve Hoang ho n’est guère plus fertile en riz que le Pe tche li, et ne compte que sur la récolte du froment, des petits grains, et des légumes. Cependant si les Chinois prenaient autant de soin à cultiver les arbres fruitiers, qu’on en prend en Europe pour avoir de beaux vergers, ils auraient presque toutes les sortes de fruits qu’on y trouve. Les noyers, les châtaigniers, les pruniers, les poiriers, les pommiers, les pêchers, les abricotiers, les cerisiers, y viennent bien presque partout. Les vignes, les figuiers, les grenadiers, multiplient extrêmement en certains cantons de ces provinces boréales. La différence qui se trouve, est qu’ils ont moins d’espèces de chaque fruit. Ils n’ont que trois ou quatre sortes de pommes, sept à huit sortes de poires, autant de pêches, et nulle bonne espèce de cerise.
Mais les Chinois en sont bien dédommagés par d’autres fruits excellents qui nous manquent : ils en ont un qui n’est nulle part en Europe ; ils l’appellent tse tse, et les Portugais de Macao lui donnent le nom de figues, parce que ce fruit étant séché devient farineux, et est aussi sucré que les figues. Les arbres qui le portent, quand ils sont entés, sont très beaux. On en voit un grand nombre surtout dans le nord de la province de Ho nan. Ils sont du moins aussi hauts et aussi touffus que nos noyers de médiocre grandeur. Les feuilles sont larges, d’un beau vert, mais sur l’arrière-saison elles deviennent d’un rouge agréable. Les fruits sont aussi gros que nos belles pommes ; à mesure qu’ils mûrissent, ils prennent une couleur aurore.
Quoiqu’ils soient de différente espèce, que les fruits des uns aient la peau plus délicate, plus transparente, et plus rougeâtre ; et que ceux de quelques autres, pour être mangés avec agrément, doivent mûrir sur la paille, il est toujours certain qu’ils sont tous agréables à la vue, et d’un bon usage. On en trouve aussi dans les provinces qui sont en deçà du Hoang ho, et ce n’est pas un petit avantage, que cette espèce d’arbre puisse croître dans des terroirs si différents.
Dans ces provinces méridionales la terre produit d’autres fruits, qui sont encore plus estimés des Chinois : car, outre les orange de plusieurs sortes, les limons, les citrons, qu’on a en Europe depuis bien des années, on trouve dans les provinces de Fo Kien, de Quang tong, de Quang si, deux espèces de fruits que nous n’avons pas. Celui qu’ils nomment li tchi (s’il est de la bonne espèce, car il y en a de plusieurs) est de la grosseur d’une datte ; son noyau est également long et dur ; il est couvert d’une chair molle, pleine d’eau, et d’un goût exquis : il ne conserve ce goût qu’en partie, lorsqu’il se sèche, et il devient noir et ridé comme nos prunes ordinaires : la chair est renfermée dans une écorce, qui au-dehors ressemble à