Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/89

Cette page a été validée par deux contributeurs.
87

qu’on voulait ou non perdre sa pureté. On sait ce que Justinien pensait des spectacles. Il ne pouvait les regarder comme un divertissement : « Quis ludos appellet eos ex quibus crimina oriuntur. » Tous les sages de l’antiquité n’en ont pas eu une meilleure opinion. Le fameux législateur d’Athènes s’opposa de toutes ses forces à leur établissement ; il disait que, si on les tolérait, on les verrait bientôt détruire les lois et corrompre les mœurs : prophétie que la suite des événements se chargea de réaliser. Plutarque donne pour raison de la dépravation et de la perte d’Athènes la passion de la population pour les spectacles. Tacite attribue la pureté des mœurs des Germains au fait que les spectacles leur étaient inconnus. Le gouvernement de Lacédémone ne tolérait pas le théâtre par la raison que les tragédies et les comédies étaient une atteinte au respect des lois. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Soyons persuadés que les raisons pour lesquelles les honnêtes gens redoutaient le théâtre dans l’antiquité sont les mêmes aujourd’hui. Le théâtre, en dirigeant ses coups destructeurs sur chacun des piliers de l’édifice social, ne peut manquer de le renverser.