Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/73

Cette page a été validée par deux contributeurs.
71

large part à l’École Naturaliste, qui a pour père dans notre siècle Balzac. Dans sa Comédie humaine Balzac a fait une minutieuse étude de l’âme ; il a dépeint la société en traits indélébiles. Pour présenter des personnages vivants et réels, pour donner des types si achevés, Balzac a dû mettre au jour les replis les plus secrets de la nature humaine, et par là il est le précurseur des écrivains naturalistes de notre temps. Mais, notons-le bien, sous l’enveloppe charnelle de ses personnages, on sent battre un cœur, et les héros de Balzac sont des caractères et non pas seulement des tempéraments.

Il en est autrement de Flaubert, qui rappelle pourtant Balzac en bien des points ; celui-ci était un fin psychologue, celui-là n’est plus qu’un physiologiste. Aussi, au lieu de nous donner des œuvres intéressantes, comme Eugénie Grandet où, tout en donnant libre cours à son imagination, Balzac a dépeint si minutieusement les détails les plus intimes de la vie domestique, Flaubert tombe brusquement dans le réalisme le plus complet et se montre incapable de créer une figure quelque peu sympathique. Du monde, il ne voit que les mauvais côtés, le mal et laideur.