débiter leurs produits. Encore, du temps de Macaulay, disait-on d’un ouvrage pour le faire lire : « Il est beau, il est admirable, » tandis que ces réclames grossières se font aujourd’hui pour l’écoulement des ouvrages licencieux. Le public est tellement blasé, il a le goût si faussé qu’on a recours à toute sorte de moyens pour satisfaire son amour des nouveautés. Tous les sujets sont bons pourvu qu’ils servent à amorcer les lecteurs. Et les littérateurs chargés de fournir au public sa nourriture quotidienne, de servir des mets piquants au palais émoussé de la foule, trouvent partout matière à leur inspiration. Prenons pour exemple le crime du Pecq. Se sentir inspiré par ce drame sanglant, c’est chose singulière tout au moins ! Et pourtant il ne faut pas trop s’en étonner. « Quoi, dit M. Jules Claretie, ce n’est pas tout de nous heurter dans la réalité à ce cadavre enveloppé d’un tuyau ? Il faudra encore le rencontrer dans les romans illustrés à l’usage des apprentis et dans les mélodrames populaires ? C’est un peu trop. On a dit un jour en parlant d’un homme seul :
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Quelque crime toujours précède les grands crimes ;
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