volume fatal ; on lui prête des ouvrages de même nature ; souvent on s’associe pour la lecture, et l’on savoure ensemble les impressions malsaines et sensuelles que celle-ci fait naître.
En veut-on un exemple ?
Trois jeunes gens faisaient leurs études dans une ville d’Allemagne. Ils s’y lièrent intimement et ne tardèrent pas à faire ménage commun. C’étaient des jeunes gens rangés, qui s’abstenaient du mal dans leurs conversations et dans leurs actions. Un livre, un mauvais livre vint tout gâter et changer en rapports illicites leur douce liaison. Ce livre néfaste était un roman de Pigault le Brun, et non un des pires, car c’était M. Botte.
On sait que Pigault, auteur immoral et incrédule, ne décrit pas des scènes de débauche ; mais il remplit ses ouvrages d’allusions libertines et de situations scabreuses. Le feu allumé par cette lecture dans leur imagination, ces jeunes gens se mirent à lire d’autres romans qui achevèrent de les perdre. Deux d’entre eux moururent misérablement, après une vie d’aventures, de libertinage et d’incrédulité. Le troisième, arraché à temps à sa vie de désordre, après avoir fait un