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HÔTEL DE CLUNY.

et à l’extérieur de deux belles figures peintes[1] ; d’un Enlèvement en marbre, travail du 15e siècle, qu’avaient peut-être entrevu les sculpteurs Flamen ou Renaudin, auteurs des grands enlèvements du 17e siècle, retirés de Versailles en 1715, pour être placés aux Tuileries ; d’une Décollation de saint Jean, en bois, style d’Albert Durer ou de son école ; d’un Portement de croix, bas relief en chêne d’une riche composition et d’un beau mouvement, et de deux petites statues en marbre, dont une surtout, celle de droite, la Vierge a l’oiseau, fait le désespoir des visiteurs, et par suite celui du vi-

  1. L’une de ces figures, le héraut d’armes, portant le tabar (voir Chapelle, p. 51, note 1) sur l’armure et tenant le pennon, nous offre le costume de guerre de ces officiers de camp et de cour, dont le service multiple n’a pas d’équivalent dans nos usages. Parvenus à ce grade par un long noviciat, comme chevaucheurs et poursuivants d’armes, sur la foi du baptême, reçu de la main du roi, qui le leur administrait sur la tête avec une coupe d’or remplie de vin, il leur appartenait de consacrer, par leurs recherches héraldiques, l’illustration des familles, comme de stigmatiser les prétentions vaniteuses par la destruction des fausses armoiries. Témoins impassibles dans les batailles, comme dans les pas et défis d’armes ou luttes en champ clos, dont ils étaient les absolus régulateurs, ils devenaient à l’issue, l’espoir du preux, la terreur du félon, et l’arbitre des récompenses comme des punitions. Tour à tour messager d’hymen et de paix, ou trompette de guerre, chargé des défis et sommations, le paladin de cortége devenait tout-à-coup un champion intrépide dans des missions souvent dangereuses, malgré le caractère sacré dont le héraut était revêtu.

    Leurs fonctions étaient sans nombre, leurs privilèges très étendus, et leurs droits allaient jusqu’à celui de partager le soleil… dans les combats à outrance. Voir La Colombière, etc.