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HÔTEL DE CLUNY.

médaillons sphériques, couverts alternativement de lettres et de nombres, correspondant sans doute à ceux, en quantité égale, qui environnent l’écusson principal, comme pour déterminer l’état, au moment de la naissance du roi, de certaines constellations auxquelles on accordait toute influence sur la vie comme sur la mort du nouveau-né[1]. Sur la contre-partie, l’écusson est entouré d’entrelacs, de croissants, dirigeant sans doute la manœuvre des autres planètes dans leur rapport avec le lever de Diane. Des carquois, flèches et autres attributs du roi des rois, dominés par la couronne de France, ajoutent encore à la démonstration de l’attribution toute spéciale de cette double nativité, pièce certainement unique.

Le mélange des froids calculs presque toujours décevants[2], de l’astrologie, aux exaltations religieuses

  1. Le fameux Nostradamus, qui dédia à Henri II ses 8e, 9e et 10e centuries, et qui fut envoyé à Blois par Catherine, pour tirer l’horoscope des jeunes princes, aura sans doute été chargé de dresser cette nativité. On sait qu’il fut visité à Salon par le duc et la duchesse de Valois, et par Charles IX, qui lui donna deux cents écus d’or. Cosme Ruggieri était aussi en faveur alors.
  2. En matière d’astrologie, nécromancie, chiromancie, et autres sciences, en général, d’importation italienne, il y a nécessairement des réussites dues au hasard ou à l’interprétation. Une seule pronostication réalisée fait plus de bien à la doctrine que cent démontrées fausses ne lui font de mal. Ainsi on ne voit pas que la mort d’Henri II, à 41 ans, ait désabusé la France, bien que le plus célèbre Chaldéen du temps, le fameux Luc Gauric, qui perfectionna cette science au point de tirer l’horoscope des villes, lui ait prédit, dans sa prophétie latine que Gassandie nous a transmise, une vie très-heureuse jusqu’à 70 ans, à moins qu’il ne pût surmonter les périls qui devaient le menacer dans les 63e et 64e années de son âge.