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CHAMBRE DE FRANÇOIS Ier.

Beaucoup d’objets en fer et en acier travaillés, ustensiles et outils, ciselés et damasquinés, ainsi que les châtelaines destinées à réunir le trousseau de clefs qui n’abandonnait pas la surveillante naturelle du manoir ; et les trois jolies Escarcelles, Bigotelles[1], ou Aumônières, qu’on trouve représentées dans les tableaux du temps de la même collection ; le Soufflet royal, l’Hor-

    enrichissant à la fois le don et le donataire, de diamants et de pierreries. Aux médaillons, qui ne s’offrent plus guère qu’aux rois nos cousins, on a substitué, sans égard aux habitudes des parties prenantes, d’élégantes tabatières, dont l’usage est assez récent, quoique ce soit sous François Ier, en 1520, que les Espagnols aient apporté de Tabaco les premiers plants de tabac introduits en France, en 1561, sous François II, par Nicot, ambassadeur de ce prince en Portugal. On fut long-temps, si nous en jugeons par l’instruction publiée, en 1572, par Gohori, sur l’herbe du Petun, ou herbe à la reine, ou nicotiane, sans apprécier la vertu, et sans se faire un besoin de cette herbe, dont l’usage, prohibé d’abord comme pernicieux, par arrêt du parlement, est devenu des plus salutaires, pour l’état surtout, comme aliment productif du budget des voies et moyens. Cet usage ne date, pour la France, que du règne de Henri IV, et celui de la tabatière proprement dite, que du milieu de celui de Louis XIV. Jusque-là, les râpes, comme on en voit une suite dans cette pièce même, en faisaient l’office. Une de ces râpes, représentant le Sganarelle du festin de Pierre en action, nous montre à la fois l’ustensile et la manière de l’employer pour le besoin du moment seulement.

  1. Saint-Foix, au sujet des barbes à l’éventail, sous Henri IV, qu’on accommodait le soir, et qu’on enfermait dans une bigotelle, espèce de bourse faite exprès, observe que précédemment on appelait bigoterie la bourse que les dévotes portaient à leur ceinture, pour faire leurs aumônes.