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HÔTEL DE CLUNY.

acier fin du plus parfait travail, des Épées de chevaliers à pommeaux et gardes sculptés en fer, une miséricorde[1] flamboyante, à pointe en langue de dragon, qui, disait un plaisant, ne devait donner au vaincu ni le temps, ni le désir de dire merci[2] ; des Heaulmes, Capelines, Bourguignotes, Morions, Salades[3] ; des Fauchars, Pertuisanes, Lances, Hallebardes, Masses d’armes, Boîte à mèche pour les arquebuses ; des Pulverins ciselés ou sculptés, en acier, ivoire, bois de cerf, corne ; de ces Gantelets de fer damasquiné, si moelleusement articulés, et dont la carapace tout extérieure n’ajouta rien, en dépit des frais de sensibilité de nos belles, à la rigueur de l’étreinte brutale subie par l’intéressante duchesse de Guise[4], et jusqu’aux olifants[5] qui, après avoir servi à nos paladins à menacer l’ennemi et à rallier leurs hommes d’armes,

  1. Espèce de poignard suspendu à la ceinture, à côté de l’épée, et que le vainqueur, après avoir terrassé son ennemi, lui enfonçait impitoyablement dans la gorge, s’il ne crioit merci.
  2. Telle est la pauvreté de notre langue, que le même mot exprime l’imploration et le remercîment.
  3. On donna successivement ces quatre derniers noms au heaulme, qui ne se composait d’abord que de plaques de fer ajustées, lorsque l’art du fourbisseur permit de mieux le modeler sur la tête et d’en varier la forme suivant les goûts du jour.
  4. Voir le drame de Henri III.
  5. Petits cors en ivoire. Ceux du principal trophée sont blasonnés. Celui du trophée d’armes orientales est monté en vermeil : c’est un travail de l’Inde où ces instruments sont encore en usage dans les chasses aux éléphants.