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CHAMBRE DE FRANÇOIS Ier.

flots de cette rivière auront pu recueillir une semblable pièce d’armure. Le Casque, d’un travail également très-riche, n’a pas subi la même épreuve. Viennent ensuite les Estocades à deux mains[1], dont une damasquinée en or, arme à l’usage des pourfendeurs, et dont Walter-Scott fait un si bel usage, par les mains de Richard, en tranchant, d’un seul coup, la masse d’armes de Saladin ; une Dague royale espagnole en

  1. Dans les 15e et 16e siècles, l’épée à deux mains se portait encore comme arme unique. Benvenuto Cellini parle dans ses Mémoires, 1529, d’un détachement du guet de Rome, armé de pertuisanes, d’arquebuses et d’épées à deux mains, et désigne le soldat qui frappa Aldobrande, élève de son frère, comme étant un de ceux qui portaient une épée à deux mains et une plume bleue sur son berret. T. 1er, p. 143-144.

    La belle épée de chevalier, confiée à l’armure de Claude de Lorraine, semblerait aussi, par son large développement, n’avoir pu être maniée qu’à deux mains ; et cependant nous nous sommes assuré qu’il était facile, moyennant certaines conditions de force, de s’en servir comme d’une épée ordinaire, tout le poids étant dans la poignée. La lame, d’une grande flexibilité, a la largeur requise pour celles des épées de tournois, dont la dimension devait excéder celle des visiere et ventaille du heaulme de l’adversaire, mais elle n’est pas rabattue comme celles de quoy tournoyaient les servants d’amour.

    Sa garde en croix rappelle celle de l’épée de Bayard qui, à ses derniers moments, y baisait ce signe de la rédemption.

    Rabelais, dans le chap. 1er, liv. 4 du Pantagruel, assimilant le jeusne que firent pendant quatre jours ses voyageurs, à leur arrivée dans l’île Sonnante, à ce qui se passait dans les joutes, où souvent les exercices d’adresse devenaient des combats meurtriers, dit : « Le premier jour nous jeusnames à bâtons rompus, le second à espées rabatues, le tiers à fer esmoulu, le quart à feu et à sang. »