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HÔTEL DE CLUNY.

priétaire de la collection, comme consacrant un grand souvenir et constituant en même temps un objet d’art remarquable. Les étriers en cuivre doré, maintenus par des barres d’acier, présentent sur la face les lettres ci-après F. REX, et sur les tranches, des salamandres debout, appuyées sur leurs queues tressées en cordelière, surmontées de la couronne de France, avec cette devise au bas, dans un lambrequin : nutrisco et estingo.

Les éperons, ou plutôt l’éperon, car on attend toujours le second, est en acier travaillé, sans doute comme éperons de campagne ; car ces stimulants, qui jouent un si grand rôle dans la chevalerie, étaient généralement, pour les rois surtout, de plus fin métal. La molette se compose d’un agencement de fleurs de lis, symbole qu’on retrouve, avec le caractère de l’époque, dans la monture.

Au centre du trophée voisin brille dans tout son éclat un riche[1] Bouclier repoussé, d’une belle conservation, malgré le séjour de quelques siècles peut-être qu’il a pu faire dans la Loire (près de Nantes), d’où il a été retiré, il y a dix ans, sans qu’on puisse assigner l’époque où, par suite de quelque défaite, les

  1. Le luxe des armes et armures était porté si loin, que nous lisons dans l’histoire de Charles VII, qu’en 1449, bien avant les beaux travaux de la renaissance, au siège d’Harfleur, le comte de Saint-Pol avait, à son cheval d’armes ou de bataille, un chanfrein prisé trente mille écus ; et qu’après la prise de Bayonne, le comte de Foix, en entrant dans la place, avait la tête de son cheval couverte d’un chanfrein d’acier, garni d’or et de pierreries, que l’on prisait quinze mille écus d’or.