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CHAMBRE DE FRANÇOIS Ier.

exact d’une chambre à coucher de grande dame de la cour de François Ier. Le second est un Tableau à volets représentant, au centre, le Christ et les saintes femmes, par Albert Durer, et de chaque côté des scènes de la Passion. Le mélange continuel des devoirs religieux aux habitudes de la vie privée exigeait alors ces rapprochements de genres si opposés. Le troisième est un Portrait de Charles-Quint armé de toutes pièces, comme si, dans une seconde visite à son rival, il avait dépouillé la confiance qu’il lui témoigna dans la première, confiance justifiée cependant par les procédés de François, comme sa vengeance aurait pu l’être par les souvenirs de Pavie, et plus encore par le séjour de Madrid. Mais dans une ame comme la sienne, la rancune ne résiste pas à une épreuve de quatorze ans. À propos de ces souvenirs, ils sont ici presque vivants, ou du moins palpables, car, à quelques pouces de ce portrait du vainqueur de Pavie, se trouve la dépouille du vaincu, les Étriers et Éperons qu’il portait à cette bataille et que conserva, sans doute, comme gage de son fait d’armes, le comte de Lannoy, vice-roi de Naples, à qui notre grand roi rendit tout[1], fors l’honneur. Ces trophées, demeurés à Madrid dans la famille de l’ancien général de Charles-Quint, où la nullité de leur valeur matérielle en assura sans doute seule la conservation, ont été recueillis avec empressement par le pro-

  1. Notre roi, aussi vaillant en guerre qu’en amour, avait mis six de ses ennemis hors de combat, lorsque, pressé de rendre son épée au connétable de Bourbon, qui commandait l’armée de Charles-Quint, il refusa de la remettre à ce traître, et l’offrit à de Lannoy, qui la reçut à genoux et lui donna la sienne.