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HÔTEL DE CLUNY.

principal et le plus évident est le vaste lit[1] à cariatides et balustres soutenant un dais à corniches, le tout sculpté dans le grand style de la renaissance. Les figures de Mars et de Bellone qui en défendent l’accès témoignent assez qu’elles veillent au repos d’un guerrier qui leur est cher, de même que les dauphins surmontant les enroulements du chevet et les couronnes fleurdelisées de comte et de duc garnissant les parois extérieures de la corniche révèlent un prince de la maison de France ; et cependant c’était le lit d’un évêque savoyard, qui l’avait, il est vrai, acquis à Paris, par suite d’une vente faite comme purgation de l’ex-Garde-Meuble dans nos jours de triste mémoire. Rien ne dément la tradition conservée par cet évêque même, que ce lit avait appartenu à François Ier, ni le caractère de la sculpture, ni l’élégance de la forme, ni même les parties armoriées destinées peut-être à rappeler les titres de comte d’Angoulême et de duc de Valois. La garniture, ciel, gouttières et couvertoir, est d’une date plus fraîche d’environ 40 années, à en juger par la reproduction, des insignes de son propriétaire Pierre de Gondi, premier évêque de Paris de ce nom, qui n’obtint qu’en 1587 le chapeau de cardinal brodé dans la gouttière de droite. Il avait, depuis 1578, la croix de commandeur de l’ordre du Saint-Esprit, qu’on remarque dans la partie de face. Les autres parties reproduisent les attributs de la maison dont il descendait, deux masses d’armes croisées, et la

  1. Ces lits hospitaliers permettaient aux princes d’y recevoir près d’eux les ambassadeurs ou autres hôtes illustres. Voir la chronique de Jean de Troyes, année 1480.