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CHAPELLE HAUTE.

nuscrits religieux avec grand nombre de vignettes et de listels rehaussés d’or, des 14e, 15e et même 16e siècles ; monuments précieux de l’art calligraphique à ces diverses époques.

C’est par le travail de ces manuscrits que l’art de la peinture a pris naissance et s’est successivement développé, en France surtout, depuis Charlemagne, ainsi que le témoignent les manuscrits d’Alcuin[1]. L’oisiveté et le silence des cloîtres, refuge de presque tous nos lettrés du moyen âge, convenaient merveilleusement pour la longue confection de ces Heures, destinées à répandre les enseignements religieux et la pratique des devoirs qu’ils imposent, principal but où tendaient les vues des gouvernants et les efforts des gouvernés. Aussi les manuscrits religieux sont-ils à la fois bien plus nombreux et généralement mieux exécutés, quant aux ornements surtout, que ceux destinés à reproduire des scènes

    presque toujours fort beau, quoique fait sur vélin et des deux côtés de la feuille. Les plus célèbres imprimeurs du même temps sont Trepperel, Vérard et Simon Vostre.

    Les Heures de Simon Vostre, imprimées à Paris, en 1507, et dont on voit ici un exemplaire relié du temps avec gaufrage aux petits fers, et celles de 1512, sont particulièrement curieuses par la variété des scènes de la vie humaine, décrites en vieux français dans les bandes d’encadrement et reproduites par la gravure.

  1. Alcuin, précepteur, puis ministre de Charlemagne, dont le séjour au palais des Thermes n’est pas contesté, comme l’est celui de cet empereur par M. Dulaure, y avait établi un atelier pour les manuscrits et miniatures, seule branche d’art dont la culture remonte à cette époque ; d’où l’on pourrait conclure que les localités que nous décrivons, dépendant alors de ce palais, furent le véritable berceau des arts en France.