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SUR LE PALAIS DES THERMES.

gieuses ou politiques ? Ah ! si plus instruits, plus aptes à discerner les vrais mérites de nos principales richesses

    des millions. Dans l’espace d’un an, on a failli détruire le produit de plusieurs siècles de civilisation. » À propos de l’indifférence qu’on témoignait à cet égard, « il rappelle ce mot de Dumas, président du tribunal révolutionnaire, à Lavoisier, qu’il venait de condamner à mort, et qui lui demandait un sursis de quinze jours pour compléter des expériences utiles à la république : Nous n’avons plus besoin de chimistes. »

    Parmi les scènes de destructions gratuites et sauvages qu’il retrace, il en est une qui l’indigne plus fortement encore et à juste titre, c’est la recherche de vandalisme dont firent preuve les autorités publiques de Verdun, les officiers municipaux, le district et deux membres du département. « Il nous les représente en écharpe, à la tête de la garde nationale et de la population, convoquées par la générale, et assemblées sur la place de la Roche, pour assister à l’incendie des tableaux, tapisseries, livres, etc., provenant de la cathédrale, s’y livrant à une orgie, dansant autour du bûcher, et forçant, qui plus est, l’évêque constitutionnel à danser. » Grégoire était juge compétent de ce dernier scandale.

    Ces scènes se répétèrent dans beaucoup de villes. Or, quel spectacle, en pleine civilisation, que celui de ces auto-da-fé d’objets d’arts, de ces places publiques couvertes de bûchers que le sang venait ensuite éteindre !!!… Les cannibales aussi dansent autour des feux allumés pour leurs victimes ; mais un besoin, la faim, une passion, la vengeance, expliquent du moins leur frénésie.

    Grégoire nous donne en même temps, il est vrai, le tarif des capacités des autorités constituées de ces temps, en rendant compte de plusieurs réponses faites par des administrations au comité d’instruction publique. L’une parle de quatre vases qu’on lui a dit être de porphyre ; l’autre répond à la circulaire relative aux monuments qui pourraient se trouver dans le pays, qu’on n’y connaît pas de manufacture ; et une troisième s’excuse de ne pas envoyer le catalogue bibliographique qui lui était demandé, sur ce que son secrétaire ne connaissait pas la diplomatique. En fait de réponses aux questions du comité sur la disparition de certains chefs-d’œuvre des arts, il cite celle-ci de plusieurs autorités, et notamment d’un accusateur public des Côtes-du-Nord : « La plume se refuse à retracer les horreurs commises. » Il déclare ainsi, par exemple, « que les dévastations qu’on venait d’exercer à Nismes laissaient bien loin derrière elles les ravages commis en cette ville au 5e siècle par Crocus, roi des Vandales, etc. » Ces faits, ces déclarations, proclamés, sans réclamations,