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NOTICE

isolée et sans cohérence de quelques susceptibilités artistiques ou littéraires, d’intérêts lésés, d’opinions reli-

    tions si concluantes prévalurent contre toutes les objections, et entraînèrent également l’adoption de la motion faite par Cambon de réunir tous les monuments mobiles dans un Muséum.

    Ce succès d’avant-garde eut sans doute la plus grande influence sur les opérations ultérieures de la campagne de notre trop fameuse assemblée, campagne presque conservatrice quant aux arts, et si meurtrière d’ailleurs ; mais il est juste de reconnaître que plusieurs de ses membres, tels que Camus et Grégoire, méritèrent d’être associés à la gloire de Dussaulx. Le 18 octobre, le premier fit le rapport sur lequel la Convention institua une commission temporaire des arts de trente-trois membres, qui rendit les plus grands services. C’est à cette commission, dont les fonctions étaient toutes gratuites, que nous devons la formation d’un muséum national (arrêté du comité de salut public du 13 floréal an 2), la fondation du musée des Petits-Augustins, la conservation de l’église de Brou, etc., et beaucoup de sages mesures, toujours négligées depuis, sous des directions rétribuées et soi-disant responsables.

    Cependant les paroxysmes de notre délire révolutionnaire, et essentiellement dévastateur à tous égards, devinrent si violents, qu’il ne dépendait même pas de nos tout-puissants législateurs d’en restreindre les effets au profit des arts.

    Pour se faire une juste idée de l’état de notre malheureux pays à ces tristes époques, il faut lire les rapports que fit à la Convention, sur les destructions opérées par le vandalisme et sur les moyens de les réprimer, le député Grégoire, ex-curé lorrain, devenu évêque de Blois, et si connu par un républicanisme ardent mais éclairé ; ce qui ajoute à l’autorité de ses paroles.

    De ces divers rapports (car Grégoire s’était imposé le devoir d’en faire un chaque mois), nous n’avons retrouvé in extenso dans le Moniteur que celui fait à la séance du 24 frimaire an iii (14 décembre 1794), et dont nous allons donner quelques extraits textuels. (V. Moniteur du 27.) Les autres, notamment ceux indiqués au Moniteur du 16 fructidor et à la 3e sans-culottide an ii, furent promis pour des numéros ultérieurs. L’abondance de matières plus intéressantes les aura fait rejeter.

    Dans le rapport fait au nom du comité d’instruction publique, Grégoire déplore les pertes irréparables qu’ont faites les arts, les sciences et les lettres par la destruction systématique et l’incendie bénévole des tableaux et autres objets. « Des poignées de cendres, dit-il, nous coûtent