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SUR LE PALAIS DES THERMES.

et 13e siècles ; des vénérables et illustres chefs d’une de nos principales congrégations religieuses ; des grands de la cour de Louis XII ; celle même du roi-chevalier, son successeur ; celles des fougueux provocateurs de cette ligue, qui n’eut de sainte que le nom ; et celles aussi du chœur d’anges de ces pieuses sœurs de Port-Royal, glorifiant, dans ce refuge, le Seigneur, dont la main s’appesantissait sur elles.

Qu’on explique à ce curieux que ces deux édifices de formes et d’époques distinctes, mais reposant sur les mêmes fondations, sur les mêmes murs primitifs, constituent à la fois pour la France le berceau du christianisme, par le séjour du père du grand Constantin ; celui de la justice, par les lois du code Théodosien sorties de leur enceinte ; celui de la monarchie française, par la résidence du premier roi des Francs, son vrai fondateur ; celui des lettres et des arts, par les débuts du premier sujet expédié par Théodoric à Clovis, par les inspirations de Fortunat, par les leçons d’Alcuin, ce sanctuaire des arts libéraux, par ses travaux sur les manuscrits et les miniatures, étendus depuis aux filles de Charlemagne et charmant l’ennui de leur claustrage dans ce palais ; celui de l’art dramatique, comme seule localité subsistante de toutes celles où cet art s’essaya avant d’être constitué ; et même celui de l’imprimerie, par le choix fait de ses dépendances (bâtiment de la Sorbonne) par les premiers importateurs de cet art pour son exploitation en France. Que l’on ajoute qu’il y a péril dans la demeure, ces restes étant incessamment menacés de destruction, et l’on verra sans doute cet étranger suspendre, s’il le faut, sa visite au cimetière de l’Est, pour franchir, en dépit des immondices et des chausses-trapes, les abords du palais romain. On le verra passer, sous ces voûtes, de l’étonnement à la méditation ; parcourir, dans les profon-