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SUR L’HÔTEL DE CLUNY.

rie, et qui, comme ambassadeur de son frère, l’avait suivie en France, se rendait fréquemment à l’hôtel de Cluny[1], où la reine veuve était retirée, détermina François à les surprendre en tête à tête.

L’aventureux prince, à qui cette expédition chevaleresque souriait à tant de titres, arriva, est-il dit, par les Thermes de Julien, accompagné d’un cardinal et du haut-justicier suivant la cour ; et, forçant toute consigne, il trouva le couple anglais en bonne disposition de capituler ; aussi le mariage fut-il célébré immédiatement dans la chapelle attenante, et peu de jours après, tandis que le père des lettres, ce gros garçon qui devoit tout gâter, selon l’horoscope heureusement exagéré de son prédécesseur, s’installait sans conteste sur le trône de France[2], la sœur du célèbre et redoutable Henri VIII, la fiancée de Charles-Quint, l’épouse d’un des plus grands rois de France, venue en ce pays trois mois auparavant, au milieu des fêtes et des acclamations des populations française et an-

  1. La chambre attenant à la chapelle n’a pas cessé depuis lors de s’appeler, dans l’hôtel, chambre de la reine Blanche ; tradition qu’on n’expliquait pas, mais qui trouve son commentaire dans l’anecdote ci-dessus, si l’on considère que les peuples étaient dans l’usage de désigner ainsi les veuves de nos rois, dont le deuil se portait ordinairement en blanc. Saint-Foix, t. v, p. 6, dit à ce sujet : « Sous le règne de Henri III, on appeloit encore reines blanches les reines veuves de nos rois. Henri III, en arrivant à Paris, alla saluer la reine blanche, dit l’Étoile : c’étoit Élisabeth d’Autriche, veuve de Charles IX. »
  2. Il fut sacré à Reims le 25 janvier. Louis XII était mort le 1er  de ce mois. Ce mariage dispensa de l’attente ordinaire.